Les banques tunisiennes en grève aujourd’hui et demain

La grève non présentielle à laquelle a appelé la Fédération générale des banques, des établissements financiers et des sociétés d’assurance, relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), pour lundi 3 et mardi 4 novembre 2025, semble avoir été respectée par la majorité des employés. Les portes des établissements concernés sont fermées ce matin.

Latif Belhedi

Les grévistes soulignent, à l’appui de leur mouvement, la dégradation de leurs conditions sociales et la baisse de leur pouvoir d’achat et exigent des augmentations salariales. Celles-ci sont prévues dans le projet de loi de finances pour 2026, répondent les dirigeants des établissements concernés.

Les clients, quant à eux, auraient souhaité ne pas voir leurs affaires ainsi bloquées pendant deux jours, tout en se consolant du fait que les modes de paiement électroniques semblent bien fonctionner pour l’instant.  

Cela dit, on peut comprendre l’intransigeance des patrons rassemblés au sein du Conseil bancaire et financier (CBF) qui a qualifié ce mouvement de «non justifié et inacceptable». D’autant plus que les pertes de cette grève pourraient être importantes pour un secteur sous pression depuis de longues années : près de 350 millions de dinars par jour selon les estimations des experts, en comptant la richesse créée par les banques et les pertes de productivité directes et indirectes.

En dépit de la progression du résultat net cumulé des dix principales banques de 13 % en glissement annuel au cours du 1er trimestre 2025, les banques tunisiennes continuent d’évoluer dans un environnement difficile, marqué par une inflation élevée, une croissance économique atone et des taux d’intérêt élevés, a indiqué l’agence de notation américaine Fitch Ratings dans une analyse publiée le 28 octobre dernier.

L’agence a évoqué à l’appui de son appréciation mitigée le taux des créances douteuses (NPL) du secteur qui a atteint 14,7 % fin mars 2025, soit le plus haut niveau depuis quatre ans (contre 13,1 % fin 2021). Elle a aussi évoqué la rentabilité modeste du secteur, avec un rendement moyen des capitaux propres (ROE) de 10,6 % sur la période 2022–T1 2025, la hausse du coût du risque (+21 %) et l’augmentation des charges d’exploitation (+8 %) au cours du 1er trimestre 2025.

Aussi, les attaques dont font l’objet des banques et les institutions financières dans les réseaux sociaux, au prétexte qu’elles gagnent beaucoup d’argent, méritent-elles d’être nuancées par une analyse plus objective des difficultés auxquelles celles-ci font face aujourd’hui en Tunisie dans un climat d’affaires très décourageant.

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