Communiqué du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) publié le 4 octobre 2023 sur la multiplication des «abus d’autorité» en Tunisie.
Hier soir (mercredi, Ndlr), Madame Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), a été arrêtée devant le bureau d’ordre de la présidence de la République à Carthage alors qu’elle tentait de déposer un recours visant à contester plusieurs décrets présidentiels.
Selon ses avocats, A. Moussi est désormais sous le coup de trois graves chefs d’accusation : incitation à l’émeute sur le territoire tunisien, traitement de données personnelles sans autorisation de leur propriétaire et entrave au bon déroulement du travail. Face à ce nouvel abus d’autorité, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie tient à rappeler que :
- Cette arrestation de Abir Moussi participe d’une répression généralisée qui vise à étouffer toute voix dissidente en jetant en prison toute personne exprimant son opposition, en l’inculpant de divers chefs d’inculpation plus graves les uns que les autres, tout en différant son passage devant la justice et en prolongeant d’autant sa détention, ce qui vaut depuis huit mois pour une dizaine de prisonniers politiques toujours détenus sans jugement.
- Le CRLDHT a pour conviction profonde que chaque citoyenne et chaque citoyen a le droit d’exercer une activité politique pacifique, et à ce titre, ne fait aucune distinction entre les partis, les organisations et toute personne qui exerce ce droit, quelles que soient par ailleurs les divergences qui peuvent exister sur le plan des méthodes et des stratégies politiques.
- Le CRLDHT défend un principe universel en matière de droits humains en vertu duquel les conflits politiques doivent être résolus de manière démocratique, sans tension, ni arrestation arbitraire, ni répression.
- Fort de cette conviction et du respect de ce principe, le CRLDHT demande par conséquent la libération de Abir Moussi et de tous les prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie. Nous appelons également à mettre fin aux poursuites engagées contre eux et à cesser de porter atteinte aux libertés fondamentales, à commencer par la liberté d’opinion et d’expression.
Nous exhortons toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, qu’ils soient membres de partis, organisations ou simple citoyen(ne) à ne pas tomber dans le piège de la division et à ne pas se laisser berner par la rhétorique de la haine et de la vindicte, autant de comportements alimentés par le pouvoir actuel pour se perpétuer. Se débarrasser de cette manière de toute critique et de toute opposition ne vise qu’à asseoir un pouvoir de plus en plus autoritaire et à escamoter les graves problèmes économiques et sociaux que connaît le pays.
Communiqué.
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