Le développement de mécanismes de garantie de crédit dans le cadre d’une approche de partenariat public-privé (PPP) pourrait être une piste à explorer par les décideurs afin de faciliter l’accès des PME au financement et garantir à ces entreprises des conditions de croissance durable et inclusive, a indiqué le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi.
S’exprimant à Tunis lors de la 7e Conférence internationale des sociétés et programmes de garantie dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), Abassi a ajouté que «les solutions du marché à elles seules ne suffisent pas et que l’intervention gouvernementale a atteint ses limites».
«Un niveau de risque plus élevé, l’indisponibilité d’informations de qualité et le manque de collatéral (la sécurité apportée en échange d’un prêt) sont autant de facteurs qui témoignent de l’existence d’un déficit de financement des très petites entreprises (TPE) et des petites et moyennes entreprises (PME)», a indiqué le gouverneur de la BCT.
La rencontre est organisée par la Société tunisienne de garantie (Sotugar) les 24 et 25 octobre sur le thème : «Institutions de garantie, décennies d’activité, réalités et défis».
Abassi a rappelé que la crise du Covid a mis en évidence «l’importance des mécanismes de garantie de crédit comme amortisseurs pour assurer la continuité des activités et la préservation du tissu économique, même si leur contribution à la promotion de la croissance et de l’inclusion financière est encore limitée».
Abassi a souligné la nécessité de repenser le modèle institutionnel et économique des mécanismes de financement par garantie de crédit, ainsi que leur cadre réglementaire et de gouvernance, afin qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle de catalyseurs de risque dans le financement des TPE et PME.
«Une institution de garantie de crédit doit être établie comme une véritable institution financière, dotée d’un modèle économique efficace et de ressources suffisantes. Elle doit être soumise à un cadre de gouvernance et de réglementation. Les mécanismes de garantie de crédit existants doivent être soumis à une réglementation et à une supervision efficaces et appropriées pour garantir leur viabilité», a ajouté le gouverneur de la BCT.
De son côté, Tahar Ben Hatira, président-directeur général de la Sotugar, a appelé à l’amélioration et à la stabilisation du climat des affaires.
«En l’absence de ces conditions, les investisseurs ne peuvent pas investir, les prêteurs ne peuvent pas financer et même garantir, les institutions ne peuvent pas garantir quelque chose qui n’existe pas», a-t-il souligné, rappelant que depuis sa création, la Sotugar œuvre pour faciliter l’accès au financement des TPE et PME afin de promouvoir le développement économique et l’inclusion financière globale.
Le ministre des Finances, Sihem Nemsia, a déclaré que les sociétés de garantie jouent un rôle crucial pour accompagner et faciliter l’accès des TPE et PME aux financements dont elles ont besoin pour réaliser des projets et des investissements dans divers secteurs.
«Le ministère des Finances, en coopération avec la Banque mondiale, travaille sur un plan d’action pour mieux développer la Sotugar, compte tenu de l’importance du système de garantie pour promouvoir la croissance et assurer le financement des institutions économiques», a-t-elle indiqué, soulignant qu’une convention a été signée en janvier 2023 entre le ministère des Finances et la BCT pour améliorer les méthodes de gestion et de supervision de la Sotugar.
Cet accord reflète la volonté des pouvoirs publics d’adopter les meilleures pratiques en matière de gestion des risques et d’accroître la contribution de l’entreprise, a-t-elle indiqué.
La 7e Conférence internationale des institutions et programmes de garantie dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) a réuni des cadres supérieurs, des dirigeants et des représentants d’institutions de garantie, venus en majorité de pays arabes.
Donnez votre avis