Dans le tourbillon de la tragédie qui sévit aujourd’hui dans la bande de Gaza, la réalité d’une guerre d’extermination contre le peuple palestinien s’intensifie depuis le mois d’octobre dernier. Elle est menée par Israël, un Etat colonial installé par l’Occident au cœur du Moyen-Orient pour le maintenir sous sa botte.
Par Khémaïs Gharbi *
Ce qui était autrefois une «élimination à petit feu», attribuée aux forces d’occupation israéliennes a brusquement pris la dimension d’un vrai génocide, accompagné par des destructions tout azimuts.
La fermeture des écoles par l’armée israélienne à la fin des années 1980 et l’interdiction de toute forme d’enseignement, en réponse à la 1ère intifada, est remplacée aujourd’hui par la destruction aveugle des établissements scolaires par centaines.
La poursuite des résistants jusqu’à dans les hôpitaux où ils se réfugiaient jadis pour se faire soigner, est remplacée désormais par la destruction des hôpitaux eux-mêmes. Les restrictions implacables de l’entrée des marchandises indispensables à la vie courante, sont remplacées par un blocus asphyxiant toute la population de Gaza depuis 17 ans, qui a été qualifiée par les médias du monde entier par «une prison à ciel ouvert».
Une violence sans fin
Ces horreurs ont acquis une permanence qui a, malheureusement, engourdi le monde et l’a laissé tétanisé, incapable de réagir par lassitude voire par lâcheté. Mais désormais ce massacre a franchi toutes lignes rouges de l’impensable, l’horrible, l’innommable.
L’évocation de l’holocauste des juifs des années 40/45 s’impose en urgence pour rappeler à ceux qui feignent de l’avoir oublié, le danger de la passivité face aux preuves que nous recevons à longueur de journée de ce nouvel holocauste en exécution.
Alors que le monde a justifié jadis son inaction envers le sort infligé aux juifs pendant la 2e guerre mondiale par l’ignorance, cet argumentaire n’est plus valable aujourd’hui.
Les moyens de communication modernes, d’un monde interconnecté rend impossible de prétendre ignorer ces nouveaux massacres perpétrés depuis deux mois à Gaza contre les Palestiniens.
Chaque jour apporte son lot insupportable de centaines de morts, de blessés, de maisons et d’immeubles réduits en décombres. Des hôpitaux sont ravagés et des quartiers entiers sont rasés présentant à nos yeux incrédules le spectacle insoutenable de centaines de milliers de déplacés, privées d’eau, de nourritures, de soins, d’électricité et de toits.
Les cris désespérés de la population semblent tomber dans l’indifférence d’une grande partie du monde dit «civilisé» qui prétend l’être encore en se transformant parfois en donneurs de leçon. Un maître à penser que personne n’écoute plus, même s’il a gardé son arme à la ceinture pour mieux convaincre de la justesse de ses conseils.
On voudrait en effet nous faire croire que tout cela est une réponse aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre dernier contre la population israélienne. Pour rechercher les responsables d’une horreur certaine et avérée faut-il se déchaîner au point de larguer plus de 40.000 tonnes de bombes soit le double de ce qui avait frappé la ville japonaise de Hiroshima en 1945?
Un peuple martyrisé
Plus de 16 000 morts et 50 000 blessés à Gaza n’ont pas encore assouvi la vengeance israélienne de ses morts, tout aussi révoltant d’ailleurs que les morts palestiniens, ni étanché la soif de détruire, de tuer, de mutiler, d’affamer et de violer tous les droits humanitaires ?
Le soutien des Etats-Unis, la première puissance du monde, et d’une bonne partie des Etats européens, à cette folie sans fin n’est pas et ne sera pas excusable. L’histoire sera sans pitié pour ceux qui laissent faire alors qu’ils sont les seuls à pouvoir arrêter ce carnage.
Une armée ultramoderne aidée, soutenue par les États Unis d’Amérique, fiers tous les deux de leurs puissances de faire régner la Pax America sur une population exsangue dans un décor apocalyptique.
Face à cette tragédie, l’urgence d’action est criante. En élevant nos voix dans le présent, nous voulons mettre fin à cette violence insensée. Chaque jour compte dans la lutte contre ce crime contre l’humanité, et c’est dans le maintenant que réside notre pouvoir de changement. Personne ne pourra dire un jour qu’il ne savait pas. Personne ne pourra plus dire qu’il ne pouvait pas exprimer son horreur face à ces massacres de masse.
Les lois de non-assistance à personne en danger existent en Occident et doit être utilisée pour stopper cette folie meurtrière.
Des lois sur les droits humanitaires ont été élaborées et votées. Les lois de la guerre existaient aussi et ont été renforcées. Un tribunal pénal international existe et siège en permanence à la Haye.
Qu’attendons-nous pour mettre un terme à cette négation de la vie de tout un peuple martyrisé et colonisé depuis plus de 75 ans.
L’Histoire nous observe tous et enregistre pour la postérité notre courage ou notre lâcheté face à ce nouvel holocauste.
* Interprète et romancier.
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