En axant ses vœux du nouvel an sur la question consensuelle de la solidarité avec le peuple palestinien, Kaïs Saïed semble avoir voulu éviter d’e parler de la situation intérieure de la Tunisie où les sources de divergence voire de conflit ne manquent pas. Vidéo.
Par Imed Bahri
S’adressant aux Tunisiens, le président de la république Kaïs Saïed a réaffirmé son engagement de veiller scrupuleusement à «défendre l’invulnérabilité de la patrie», se déclarant à ce titre résolu à «aller de l’avant sur la voie de la libération» de la Tunisie «en misant sur nos ressources propres et les choix et les capacités du peuple» tunisien.
Le chef de l’Etat a saisi l’occasion de la réunion du conseil des ministres, jeudi 28 décembre 2023, au Palais de Carthage, pour faire part de ses vœux au peuple tunisien et aux membres du gouvernement à l’occasion de l’avènement de la nouvelle année administrative. Il a aussi exprimé ses souhaits de voir le nouvel an porter au peuple tunisien prospérité et paix, priant Dieu de «protéger la patrie». Il a aussi présenté ses sincères vœux et félicitations.
Se disant «optimiste quant à l’avenir du pays», dans un contexte de crise économique asphyxiante, marquée par la hausse des prix, la baisse du pouvoir d’achat et les pénuries de plusieurs produits de première nécessité, Saïed a promis de «ne lésiner sur aucun moyen en vue de bâtir un avenir meilleur pour tous les Tunisiens.» Lui, qui n’a pas l’habitude de faire des promesses, semble avoir cédé à l’habituel exercice des vœux du nouvel an, en cherchant à rassurer l’opinion et à faire taire les critiques qui commencent à fuser de toutes parts à propos du maigre bilan de son premier mandat touchant à sa fin. Sans s’engager sur des sujets précis…
La Palestine vaincra
Par ailleurs, le chef de l’Etat a tenu à souligner qu’à l’heure où le monde entier s’apprête à fêter le nouvel an, «il incombe au monde libre de ne pas oublier le peuple palestinien piétiné par la barbarie sioniste».
Profondément convaincu de la légitimité de la cause palestinienne, le président Saïed a affirmé qu’il ne ménage aucun effort en vue de «se tenir aux côtés de nos frères palestiniens». Il s’est dit persuadé que la longue marche du peuple palestinien, marquée de sacrifices et de souffrances, sera finalement «couronnée de victoire».
«Nous sommes convaincus que la Palestine, toute la Palestine, sera libérée et que le peuple palestinien parviendra à établir son État indépendant sur sa terre historique avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods», a encore martelé le chef de l’Etat.
Le président Saïed a, en outre, souligné que «le génocide auquel nous assistons à Gaza a démontré que les positions exprimées par la communauté humaine étaient plus progressistes et avant-gardistes que celles d’une communauté internationale figée», soulignant ainsi la rupture récemment constatée, à propos de la guerre de Gaza, entre les peuples et les Etats dans le monde occidental, qui soutiennent aveuglément les crimes de guerre d’Israël. «Ce mouvement d’idées se poursuivra sans relâche durant les décennies à venir et que beaucoup de concepts, d’idées et d’équilibres vont changer», a-t-il lancé, ajoutant que les imposantes manifestations pro-palestiniennes dans les quatre coins du monde, notamment, dans les capitales des pays occidentaux, témoignent de manière éloquente que le monde a bel et bien amorcé une nouvelle ère. «Une ère où les valeurs humaines vont indiscutablement triompher sur les politiques hégémoniques qui ont véhiculé d’innombrables tragédies, famines et guerres dans le monde», a-t-il dit.
Vagues promesses
Le président Kaïs Saïed a enfin exhorté «les peuples libres du monde ainsi que les défenseurs de la justice et de la dignité humaine» à faire preuve d’unité et de solidarité et à s’opposer comme il se doit aux différentes formes d’hégémonie et de colonialisme, «dont le sionisme et le racisme sont la parfaite incarnation».
En axant son allocution sur la question consensuelle de la solidarité avec le peuple palestinien, Kaïs Saïed semble avoir voulu éviter d’évoquer la situation intérieure de la Tunisie où les sources de divergence voire de conflit ne manquent pas. En effet, il n’a pas dit mot de la crise économique et financière, des récentes élections locales boudées par les électeurs, des présidentielles prévues en 2024 et encore moins des opposants à son régime maintenus en prison sans accusations claires.
En se contentant, par ailleurs, de faire de vagues promesses aux Tunisiens de «protéger la patrie et la dignité des citoyens», il semble également avoir voulu éviter de s’engager à réaliser des progrès sur des sujets concrets, notamment dans les domaines économique et social, où sa marge de manœuvre reste des plus étriquée.
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