Ce matin, vendredi 26 janvier 2024, les ouvriers de la société Générale Industrie du Nord (Ginor) de Jendouba ont manifesté devant l’Inspection régionale du travail, pour protester contre le projet de plan social, qui prévoit un certain nombre de licenciements et de mises au chômage technique.
Cette usine de fabrication de sucre est menacée de fermeture, et la direction n’envisage pas des solutions susceptibles de préserver l’entreprise, de relancer la production de sucre et d’offrir aux employés de meilleures conditions de travail, en étendant par exemple la culture du cannes à sucre et en augmentant la production de sucre, dont le pays manque cruellement, ce dont témoignent les pénuries de ce produit constatées au cours des derniers mois.
Les manifestants ont exigé une intervention urgente du chef de l’Etat Kaïs Saïed pour trouver une solution pour l’usine sucrière de Ben Bechir, comme cela a été le cas pour les usines de Béja et de Bizerte, afin que des centaines d’ouvriers et de techniciens ne se retrouvent pas au chômage et que leurs conditions sociales et économiques ne se détériorent pas davantage, estimant que la région de Jendouba est oubliée des responsables politiques et abandonnée à son sort.
Les employés de la Ginor ont effectué une marche vers le siège du Syndicat régional du travail à Jendouba pour exiger la levée de ce qu’ils considèrent comme une injustice et faire entendre leurs voix, leurs revendications et leur droit au travail.
La Ginor est une sucrerie de betterave à sucre. Créée à Bousalem dans les années quatre-vingt avec pour objectif de réduire les importations de sucre, elle est entrée en crise et a été fermée en 1998. Cédée au privé en 2013, elle est entrée en production la même année par la fabrication des différents produits : sucre à plus de 12 000 tonnes, mélasse, pulpes fraîches…, et elle s’est donné pour objectif de promouvoir et développer la production betteravière et toute activités qui lui sont liées en amont ou en aval, en vue d’améliorer les revenus des planteurs de betteraves; de faciliter entre autres leur approvisionnement en produits, matériels et services nécessaires à cette culture, la transformation et la commercialisation des produits et sous-produits tirés de cette culture.
Mais la société n’a pas tardé à entrer de nouveau en crise à partir de 2018. Ses propriétaires voudraient la fermer pour manque de rentabilité. Aujourd’hui, seulement 800 hectares sont exploités et les agriculteurs de la région montrent de plus en plus de réticences par rapport à cette culture. Ils sont en effet un peu plus de 200 à travailler dans la culture de betteraves et se plaignent du coût de production ainsi que du manque de substance des promesses d’aide qui leur ont été faites.
En effet, le seuil de rentabilité de l’usine ne sera véritablement atteint qu’avec 2500 hectares plantés et transformés. De fait, la sucrerie ne tourne qu’au quart de sa capacité et reste dans le marasme quant à ses projections de rentabilité.
Il reste cependant à se demander su le président Saïed, qui est souvent prompt à voler au secours des travailleurs menacés dans leur gagne-pain, est en mesure de trouver une solution pour redresser la situation d’une entreprise privé en difficulté et qui ne peut plus fonctionner à perte, si tant est que le maintien en place d’une usine en quasi-faillite en y injectant des fonds de l’Etat est une réponse acceptable d’un point de vue économique.
I. B.
Donnez votre avis