Lors d’une réunion, mercredi 14 février 2024, au Palais de Carthage, avec les ministres de la Justice Leila Jaffel et des Finances Sihem Boughdiri Nemsia, le Chef de l’Etat a rappelé que le but de la réconciliation pénale est de restituer au peuple tunisien l’argent qui lui a été volé afin que cet argent puisse être acheminé, notamment, vers les régions qui ont besoin de sortir du cycle de la pauvreté et de la marginalisation. Vidéo.
Par Imed Bahri
Selon le communiqué de la présidence, la réunion a porté notamment sur la nécessité d’accélérer le jugement de nombreuses affaires en cours. Le président Saïed a, à cet effet, réitéré la nécessité de procéder à une révolution législative dans de nombreux domaines, déclarant : «Aujourd’hui, nous menons une guerre implacable contre les corrompus et les fauteurs de troubles qui ont infiltré les institutions de l’État dans tous les secteurs.» Et soulignant qu’«il n’y aura pas de répit dans cette guerre tant que le pays tout entier ne sera pas débarrassé des essaims de criquets qui attaquent les institutions de l’État et les ressources du pays».
Une guerre de libération
S’adressant aux deux ministres, le président de la république a dit : «Je vous demande d’examiner un certain nombre de dossiers de corruption et de veiller à ce qu’ils soient examinés rapidement par la justice, et ne restent pas pendant des années dans les couloirs des tribunaux». Avant de passer en revue un certain nombre de ces dossiers, en pointant «ceux qui se plaignent aujourd’hui, et dont certains ont pris la tête d’une entreprise ou d’un établissement publics avec un diplôme obtenu en 1983, livré par une école créée en 1993», dans une limpide allusion à Sanki Assoudi, secrétaire général de l’Union régionale du travail à Kasserine, chef de service au sein de la Société nationale de cellulose et de papier alfa (SNCPA), accusé de corruption et qui a fait l’objet d’un mandat de dépôt le 9 février courant.
Le Président de la République a parlé aussi d’une personne dont il n’a pas révélé l’identité mais qui, selon lui, a eu un prêt d’une banque publique d’un montant de 61,683 millions de dinars qu’il n’a pas remboursé. «Il possède une entreprise médiatique et emploie des personnes en charge de perturber le processus», a dit Saïed, par allusion au processus politique qu’il avait initié par la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021.
«Nous sommes dans une guerre de libération et non dans une campagne électorale comme certains le prétendent. En 2019, je n’ai pas mené une campagne électorale, mais plutôt une campagne explicative. C’est une question de responsabilité», a déclaré Saïed, en parlant de la fonction présidentielle, dénonçant au passage «ces malades qui ne pensent qu’aux campagnes électorales et aux postes, alors qu’il n’y a pas de place pour eux au sein de l’État.»
Saïed a parlé d’autres cas de corruption, dont ceux impliquant des personnes qui s’agitent en coulisses pour organiser l’élection du nouveau bureau directeur de la Fédération tunisienne de football (FTF), dont l’une avait reçu un prêt d’un montant supérieur à 6 millions de dinars, et l’autre a accumulé des dettes de l’ordre de 35 milliards de dinars, et une autre encore des prêts d’un montant de 65 milliards de dinars.
Tout cela doit cesser
Le Chef de l’Etat n’a cité aucun nom des personnes qu’il accuse de corruption, mais il a appelé l’administration publique et l’institution judiciaire à jouer pleinement leur rôle dans la guerre contre la corruption : «C’est une guerre que nous menons et nous n’accepterons que la victoire. Nous avons toutes les capacités et les compétences basées sur les choix de notre peuple et non sur ceux dictés par quiconque de l’étranger», a lancé Saïed, en poursuivant : «Tout cela doit cesser, et de nombreux responsables n’ont pas leur place dans l’administration parce qu’ils sont de connivence avec les lobbys de corruption. Ils sont également complices des crimes commis par ceux qui se croient au-dessus de la loi.»
Le président Kaïs Saïed a enfin souligné la nécessité d’accélérer la constitution de la Commission nationale de conciliation pénale suite aux modifications apportées au décret portant sa création, expliquant que le but de la conciliation pénale est de restituer au peuple tunisien l’argent qui lui a été volé afin qu’il puisse être acheminé, notamment, vers les régions qui ont besoin de sortir du cycle de la pauvreté et de la marginalisation.
(Avec Tap).
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