Lors de sa rencontre, mercredi 28 février 2024 au Palais de Carthage, avec Kamel Feki, ministre de l’Intérieur, Mourad Saidane, directeur général de la Sûreté nationale, et Hussein Gharbi, directeur général et commandant de la Garde nationale, le président de la république Kaïs Saïed a discuté de la situation générale dans le pays en matière de sécurité. Et pointé du doigt, sans les nommer, des agents de l’étranger qui cherchent à déstabiliser la Tunisie.
Par Imed Bahri
Le chef de l’Etat a souligné la nécessité de redoubler d’efforts pour lutter contre les monopoles, en particulier à l’approche de ramadan, mois au cours duquel les lobbies de la corruption cherchent à spéculer pour augmenter les prix. Il a appelé aussi à concentrer les efforts de l’État dans l’application de la loi et le démantèlement des réseaux cherchant à réaliser des profits illicites et à détériorer la situation sociale dans le pays, selon un communiqué de presse publié hier, tard dans nuit, par la présidence de la république.
Le président de la république a également révélé que ces mêmes lobbys ont distribué de l’argent pour inciter les gens à manifester dans plusieurs villes du pays, ajoutant que des voitures ont été louées, que les itinéraires définis et les slogans choisis pour être scandés au cours de ces manifestations. Ces gens se présentent pourtant comme des victimes et falsifient des faits, répandant mensonges et rumeurs, a-t-il indiqué.
Haro sur les agents du sionisme
Le président de la république a souligné qu’il ne tolérerait pas ceux qui se jettent dans les bras des étrangers à l’approche des élections. On dit que tel ou tel candidat est soutenu par telle ou telle capitale, et on chuchote le nom d’une personne derrière laquelle se cache une autre, présentée comme étant soutenue par telle ou telle capitale, a déclaré le président, toujours selon le même communiqué, ajoutant que le candidat soutenu par l’étranger ne se soucie pas de l’intérêt de la Tunisie et de son peuple, mais il ne cherche qu’à servir la partie colonialiste qui lui a promis son soutien, laquelle, en réalité, le méprise.
Le président de la république a également appelé à la poursuite [judiciaire] d’un certain nombre d’agents du mouvement sioniste [en Tunisie] et à l’application des dispositions relatives aux atteintes à la sécurité extérieure de l’État prévues par le code pénal, ajoutant qu’un certain nombre de personnes qui prétendent être aux côtés du peuple palestinien étaient, en réalité, des espions et le sont toujours, et recevaient des sommes d’argent des agresseurs et usurpateurs sionistes.
Le président a fait part, dans ce contexte, de son étonnement que ceux qui, lorsqu’ils étaient à l’étranger, ont affiché publiquement leur trahison et ont même ouvertement renié au peuple palestinien son droit à récupérer l’intégralité de ses terres, n’ont pas été poursuivis en justice devant les tribunaux tunisiens.
Il a aussi parlé de celui qui, selon lui, a admis publiquement que sa campagne électorale [pour la présidentielle] en 2019 était soutenue par le mouvement sioniste, et se présente aujourd’hui, depuis l’étranger, comme un opposant et est soutenu financièrement par ce même mouvement qui mène une campagne d’extermination contre le peuple palestinien.
Parmi les méthodes auxquelles ces dernières personnes ont recours figurent les médias soudoyés financièrement, les émissions télévisées, ou les pages des réseaux sociaux, a insisté le président.
Le chef de l’Etat a évoqué, dans ce même contexte, le cas de quelqu’un qui se présente comme un expert en politique et en stratégie et qui s’était présenté aux législatives dans la liste d’un parti financé par les sionistes, lesquels se baladaient librement dans le pays et les couloirs du palais du Bardo [siège de l’assemblée] pour dicter des décisions et faire exploser l’État et la société.
La liste des ennemis de la nation s’allonge
Le chef de l’Etat n’a cité aucun nom en lançant toutes ces graves accusations. Mais le chroniqueur Nejib Dziri, réputé pour sa proximité avec les cercles de la présidence de la république, s’est chargé de remplir les cases vides en citant, dans L’Emission impossible sur IFM, aujourd’hui, jeudi 29 février, comme étant les personnes pointées du doigt par le président de la république, tour à tour, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui a annoncé des mouvements sociaux le 3 mars prochain, mais aussi Mondher Zenaidi, Nabil Karoui et Radwan Masmoudi (respectivement ancien ministre, ancien candidat à la présidentielle et lobbyiste proche du parti islamiste Ennahdha), tous résidant à l’étranger, et Hatem Mliki, ancien député qui passe régulièrement dans les médias pour critiquer les politiques économiques du président Saïed.
Quoi qu’il en soit, les déclarations du président sont à prendre avec beaucoup de sérieux, car elles annoncent des décisions dont pourraient payer les frais certaines personnalités politiques, qu’il s’agisse de celles dont les noms ont été cités par Néjib Dziri, un chroniqueur qui prétend être dans le secret des dieux, ou d’autres encore que ce dernier n’a pas nommées.
Donnez votre avis