Alors que l’Inde est dirigée depuis 2014 par le suprémaciste hindou islamophobe Narendra Modi qui brigue un troisième mandat, les 200 millions d’Indiens musulmans vivent dans la terreur et sont livrés à eux-mêmes et sont même contraints de dissimuler leur religion pour se protéger. Une situation gravissime.
Imed Bahri
Un journaliste indien musulman a écrit une tribune dans le New York Times dans laquelle il révèle que par peur il n’ose plus évoquer ouvertement sa religion dans son pays dirigé par un Premier ministre hindou qu’il a qualifié de fanatique en référence à Narendra Modi.
Mohammad Ali, journaliste et écrivain indépendant partageant son temps entre New York et l’Inde, a déclaré qu’il avait l’habitude de répondre aux appels téléphoniques avec le salut islamique qui est Salam alaykom (La paix soit sur vous) mais les choses sont différentes maintenant parce qu’il ne veut pas que les gens sachent qu’il est musulman.
Il a ajouté qu’il n’y a rien qui puisse révéler son identité islamique à part son nom. Il ne porte plus de couvre-chef, évite de porter l’uniforme de la tribu musulmane Pathan dans les lieux publics et évite également de mélanger son langage avec des mots en langue ourdou car ce sont tous des signes qui indiquent l’identité des musulmans indiens et «dans l’Inde gouvernée par Modi, vous ne pouvez pas prendre de risque.»
Un gouvernement fanatique hindou
Le citoyen indien musulman a confirmé qu’au cours des dix dernières années, le gouvernement «fanatique hindou de Modi» a délibérément porté atteinte à l’honneur de plus de 200 millions de citoyens musulmans indiens et terni leur réputation car ce sont des personnes indésirables.
Dernièrement, ce discours a atteint un niveau encore plus bas au cours des six semaines de vote pour les élections nationales indiennes qui ont commencé leur première phase le 19 avril et se termineront le 1er juin après la fin de la septième phase. On s’attend largement à ce que Modi et son parti remportent un troisième mandat consécutif de cinq ans.
L’auteur indien a déclaré que Modi avait décrit les musulmans lors d’un discours prononcé pendant la campagne électorale le mois dernier comme des «infiltrés» dans un pays que lui et ses partisans cherchent à transformer en un État purement hindou.
Aussi offensant que cela puisse paraître, cela n’est malheureusement que trop familier aux musulmans indiens qui après une décennie de mutilations, de violences et de meurtres vivent dans la terreur quotidienne d’être identifiés et agressés, les forçant à se renier pour se protéger.
L’auteur a raconté un aspect de l’histoire des musulmans en Inde soulignant que ce pays abrite l’une des plus grandes populations musulmanes au monde. L’islam est entré en Inde il y a environ 1 300 ans et les musulmans descendent des premiers habitants de cette terre qui se sont convertis à l’islam il y a des siècles. De nombreux musulmans indiens se sont battus contre le colonialisme britannique et des millions d’entre eux ont rejeté la division du pays en 1947 entre l’Inde à majorité hindoue et le Pakistan à majorité musulmane. L’auteur déclare que l’Inde est leur patrie et qu’ils sont des patriotes fiers mais que le nationalisme de Modi a fait d’eux une cible dans ce qui est probablement la plus vaste opération de radicalisation dans le monde.
Mohammad Ali a ajouté que les graines de cet extrémisme ont été semées avec la fondation du Rashtriya Swayamsevak Sangh en 1925, une organisation nationaliste d’extrême droite et paramilitaire qui cherchait à établir un État complètement hindou en Inde et s’inspirait du fascisme européen de cette époque. Lorsque le parti Bharatiya Janata de Modi -que l’auteur considère comme une émanation politique du Rashtriya Swayamsevak Sangh- a remporté les élections de 2014 et que Modi est devenu Premier ministre, ce dernier et ses partisans ont vu cela comme le moment civilisationnel que les Hindous attendaient.
Le «Dieu Roi» des Hindous
Modi était aux yeux de ses partisans le «Dieu Roi» qui allait libérer la civilisation hindoue de plusieurs siècles de domination «étrangère», d’abord par une série de gouvernants musulmans qui a culminé avec l’Empire Moghol ayant gouverné l’Inde pendant environ trois siècles, puis britannique.
Mohammed Ali a poursuivi en affirmant que l’islamophobie qui signifie la peur collective de l’islam et des musulmans n’est pas nouvelle en Inde, car les musulmans ont également été confrontés à des préjugés et à des violences répétées quand des générations successives de l’élite libérale hindoue de caste supérieure a dominé la politique démocratique laïque du pays.
Cependant, l’auteur estime que la haine des musulmans sous la direction de l’extrême droite de Modi est devenue une politique d’État. Il a accusé l’élite libérale hindoue de n’avoir pas fait grand-chose pour endiguer ce phénomène si ce n’est l’expression inefficace d’une nostalgie d’un passé caractérisé par la tolérance hindoue et aujourd’hui perdu.
En même temps, le journaliste indien de confession musulmane ne blâme pas seulement les extrémistes hindous, il estime également que les musulmans indiens sont restés largement silencieux face aux tentatives visant à les asservir.