L’hommage de Tahar Bekri à Khemaïs Khayati

Décédé hier, mardi 18 juin 2024, à Tunis, à l’âge de 78 ans, le critique et historien de cinéma Khemaïs Khayati a été amené à sa dernière demeure, mercredi 19 juin, vers midi, au cimetière El-Jallez. L’un de ses amis, le poète et écrivain Tahar Bekri, lui rend hommage dans ce post Facebook. (Illustration : de gauche à droite: Tahar Bekri, Khemais Khayati et feu Sghaier Ouled Ahmed à l’Institut du monde arabe à Paris dans les années 1980).

«J’assiste à sa soutenance de thèse sur le cinéma arabe, à Paris III-La Sorbonne Nouvelle. Il devient critique culturel à l’hebdomadaire اليوم السابع Al Yom Essaba‘. Bilingue, il est chroniqueur de cinéma à radio France Culture. Il traduit quelques extraits de خليفة الأقرع  Khelifa le teigneux, nouvelle de Béchir Khraïef, pour le numéro spécial de la revue ‘‘Europe’’ consacrée à la «Littérature de Tunisie» (octobre 1987).

«Toujours pressé pour voir un film, rencontrer un cinéaste, ou écrire un article. Il court d’un festival à l’autre, d’un événement culturel à l’autre. Rien ne lui échappe dans le cinéma arabe. Beaucoup de cinéastes, acteurs et actrices arabes sont ses amis. Il a le réflexe des archives.

«Souvent un appareil photo en bandoulière. Il a un accent moyen-oriental avec une intonation kéfoise.

«Il s’occupera de la promotion du film iraquien القادسية Al Qadissya en pleine guerre Iraq-Iran. Il ne manque pas d’ironie, de critique grinçante, mordante, provocatrice, mais toujours du côté du progrès, engagé dans la modernité.

«Il décide de rentrer en Tunisie après des années de disgrâce et la promesse de pouvoir créer son propre journal. Des raisons familiales aussi. De temps en temps, je recevais ses questions sur l’image et les médias, auxquelles je devais répondre, même si cela est loin de ma spécialité, mais attentif à la culture, il n’en séparait pas les disciplines.

«La Tunisie perd l’un de ses meilleurs connaisseurs du cinéma tunisien, arabe et africain. Paix à ton âme, adieu l’ami».