Chiffres à l’appui : Explosion de la dette publique en Tunisie

La dette publique totale de la Tunisie, qui s’élevait à 67,75% du PIB en 2019, a atteint 79,81% en 2024 (estimation). Quant à la dette publique intérieure, elle est passée, au cours de la même période, de 20% à 33,6% du PIB (estimation) et la dette publique extérieure de 47,6% à 46,1% (estimation).

C’est l’économiste Aram Belhadj, qui a rapporté ces chiffres dans un poste sur sa page Facebook, en présentant aussi la composition de la dette. En 2019, la dette publique intérieure représentait 29,6% de la dette publique totale, alors que la dette publique extérieure en représentait 70,4%.

Cinq ans après, et selon les estimations officielles, la dette intérieure représente désormais 42,2% de la dette totale, alors que la dette extérieure en représente 57,8%, et ce «dans le cadre de la politique du compter sur soi», précise l’économiste, l’Etat privilégiant les emprunts auprès des banques locales, au risque de faire pression sur les liquidités et de priver les entreprises privées d’opportunités de financement bancaire.      

Pour ce qui est du service de la dette, il a quasiment doublé en 5 ans, puisqu’il a passé de 7,8% du PIB en 2019 à 14% en 2024 (estimation). Le service de la dette publique intérieure a, quant à lui, plus que triplé, en passant de 2,26% en 2019 à 7% en 2024 (estimation), alors que le service de la dette publique extérieure a passé de 5,5% du PIB en 2019 à 7% en 2024  (estimation).

Les ressources d’emprunt programmées dans le budget de l’Etat ont passé de 7,9% du PIB en 2019 à 16% en 2024 (estimation). Les ressources d’emprunt intérieur ont passé, quant à elles, de 2,1% du PIB en 2019 à 6,7% en 2024, toujours «dans le cadre de la politique du compter sur soi», fait remarquer l’économiste. Alors que les ressources d’emprunt extérieur ont passé de 5,8% du PIB en 2019 à 9,3% en 2024 (estimation).

Aram Belhadj ne commente pas ces chiffres, estimant peut-être qu’ils sont suffisamment éloquents pour montrer que les gouvernements qui se sont succédé en Tunisie depuis 2019, et qui ont du mal à relancer la machine économique et à booster la croissance du pays (dont le taux s’est élevé à un maigre 0,4% en 2023), poursuivent sur la voie tracée par tous les gouvernements qui les ont précédés, ceux de ladite «décennie noire» : ils continuent de s’endetter pour financer des services publics qui ne cessent, pourtant, de se détériorer.

«La leçon est terminé», a conclu l’économiste. Il reste à savoir si elle va être retenue.

I.B.

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