Comment je me suis fait arnaquer par une clinique privée tunisienne

L’auteure, Tunisienne résidente en France, raconte dans cette tribune, la mésaventure qu’elle a vécue lors de ses dernières vacances en Tunisie, en se faisant arnaquer par une clinique de Tunis, qui a profité d’une incongruité dans le code de change pour abuser les parents d’une jeune patiente.

Salima Menaï *

Nous étions en vacances en Tunisie, et 48 heures après notre arrivée, le 30 juillet 2024,  notre fille a été victime d’un grave accident de la route, percutée par un taxi, dans le gouvernorat de Jendouba. 

Elle a été transférée très bien prise en charge au CHR de Jendouba en urgence, avec toute l’attention des équipes qui ont été merveilleuses. 

Puis nous avons demandé son transfert en clinique à Tunis. Elle a été donc été transférée à une clinique privée pédiatrique de Tunis (nous avons pris la première, car nous ne connaissons pas le coin et les réputations). 

Notre fille polytraumatisée a donc été admise en réanimation en pleine nuit. On nous a d’abord demandé de fournir un chèque blanc pour la caution malgré que l’assistance (en Europe) était en train de créer le dossier. N’ayant pas de chèque, on m’a demandé de payer 5 000€ dinars en carte bleue, en nous indiquant que nous serons remboursés dès que l’assistance prendrait le relais. Ce que nous avons évidemment fait. 

À la fin : Axa assistance a été refacturée les 5 000€, la clinique s’est donc engagée à nous rembourser (après que nous les ayons harcelés en faisant 4 fois l’aller retour sur place!!!!), et nous a fourni un chèque en dinars prétextant qu’il s’agissait de la seule manière de rembourser, confirmant que ce moyen de paiement était recevable à l’étranger. 

Nous avions refusé à plusieurs reprises en expliquant que cela n’était pas valable en France : on nous a répondu que tout cela était normal et que le chèque serait bien encaissable. 

Une fois en France, nous avons informé la financière [de ladite clinique] que le chèque était a présent déposé dans notre banque avec une copie de l’accusé de réception de notre banque française en photo, la financière n’ayant manifesté aucune alerte pour nous indiquer que son chèque n’était absolument pas valable hors de Tunisie. 

Notre banque en France a évidemment refusé ce chèque, et depuis : on nous prend pour des idiots. 

En fait, ce chèque de 15 000 dinars n’est pas encaissable pour un non résident, non titulaire d’un compte en Tunisie : et il est illégal de sortir une telle somme. 

Entre-temps, ma banque a contacté le siège de la TSB (émettrice du chèque), qui leur a confirmé que c’est bien la clinique qui a choisi ce mode de paiement et qu’il a toujours été possible de réaliser des virements internationaux, surtout dans ce cas. 

Depuis, le médecin et la financière, chapeautés par le directeur général, nous mènent en bateau, par sms, en nous indiquant que c’est la banque qui refuse de faire un virement, puis qu’il faudrait qu’on revienne en Tunisie, puis qu’il faudrait que ce soit nous qui appelions la banque pour avoir un virement international, et chaque nouvelle journée est un cauchemar. 

Nous avons regardé les avis publiés sur Google et le constat est clair : c’est un usage de la clinique d’escroquer. 

Nous avons imploré à plusieurs reprises la clinique de nous rendre notre argent en leur expliquant qu’ils nous mettaient dans une situation financière catastrophique (5000€!!!!), que nous ne comprenions pas comment ils arrivaient à profiter de l’état grave d’enfants pour voler de l’argent à leurs parents en détresse. 

Nous aimerions pouvoir communiquer à plus grande échelle, pour que tout le monde sache ce qui se passe dans cette clinique, et que ceux qui se sont fait arnaquer puissent également faire porter leur voix car ils sont très clairement impuissants. 

Nous avons les preuves, les identités et les messages avec les photos du médecin et de la financière. 

Nous souhaitons également porter cela en justice, pour que ces pratiques soient connues. 

J’ajoute également que nous avons demandé à plusieurs reprises à la clinique de nous fournir la facture détaillée qui a été envoyée à l’assistance, ce qu’elle a toujours refusé : nous savons maintenant qu’ils ont probablement dû surfacturer des soins. 

* Tunisienne résidente en France.