Pour Kaïs Saïed, la révolution tunisienne n’a pas eu lieu avec la fuite de Ben Ali, le 14 janvier 2011, qui n’est selon lui que l’aboutissement d’un mouvement déclenché, le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid. Et c’est cette date qu’il célèbre désormais officiellement.
C’est ainsi que le président de la république a effectué, mardi 17 décembre, une visite dans plusieurs délégations relevant du gouvernorat de Sidi Bouzid, à l’occasion du 14e anniversaire de la révolution tunisienne. Lors de sa visite à la délégation de Mezzouna, il a rencontré des habitants devant le Complexe du plastique.
À cette occasion, les citoyens ont exprimé leurs attentes et préoccupations et réclamé de relancer ce complexe qui permet de créer des emplois aux habitants de la région.
Ensuite, le président Saïed s’est rendu dans la délégation de Menzel Bouzayène, où il a visité le cimetière de la ville pour réciter la fatiha à la mémoire du martyr Chokri Nasri. Il a, à cette occasion, rencontré des citoyens qui ont réclamé davantage de services dans la région.
Le chef de l’État s’est ensuite dirigé vers la région de Nfidhet El Akerma, où il a visité le cimetière local et récité la fatiha à la mémoire de Mohamed Amari, premier martyr de la révolution tunisienne, qui a succombé, le 24 décembre 2010.
Au terme de sa visite, le président de la république s’est rendu dans la délégation de Regueb, où il a échangé avec des citoyens qui ont évoqué les difficultés rencontrées dans la région.
Ils ont, à ce propos, réclamé l’aménagement des pistes agricoles, l’amélioration des services de santé de base et l’identification de solutions durables pour la récolte d’olives, qui pose cette année de gros problèmes aux producteurs.
Avant de se rendre à Sidi Bouzid, Saïed s’était rendu à Ben Guerdane et Gabès où il est également allé à la rencontre des citoyens pour entendre leurs doléances.
«La Tunisie est entrée dans une nouvelle phase de son histoire et on œuvre actuellement à trouver des solutions radicales aux revendications du peuple tunisien», a déclaré le chef de l’Etat, selon le communiqué de la présidence de la république, en soulignant, une nouvelle fois, que «la Tunisie mène une guerre de libération nationale et il ne nous reste que la victoire et la reconstruction»
En célébrant la fête de la révolution dans des régions du sud et du centre, en allant à la rencontre de l’arrière pays, qui plus est le 17 décembre et non le 14 janvier, le président Saïed a voulu signifier que la chute de l’ancien régime a commencé avec le soulèvement des populations de l’intérieur, et la fuite de Ben Ali n’aura été que le couronnement de ce mouvement. Pour certains de ses partisans, le 14 janvier était plutôt le début de la contre-révolution ou de la restauration de l’ancien régime sous une nouvelle forme, ce à quoi la proclamation de l’état d’exception, par le président Saïed, le 25 juillet 2021, était venu mettre fin.
«Le processus révolutionnaire doit se poursuivre en vue d’assainir [le pays] et afin que la construction soit solide et ne tombe pas», a souligné Saïed. «Nous sommes dans une course contre la montre et nous voulons accélérer l’histoire afin que personne ne subisse d’injustice et que personne n’échappe non plus à la reddition des comptes», a-t-il ajouté.
«Chaque responsable doit garder à l’esprit, à tout moment en tout lieu, les souffrances des misérables et des pauvres et œuvre à réduire les obstacles», a par ailleurs déclaré le président, ajoutant que la montre ne revient jamais en arrière, en tout cas pas l’avant 17 décembre 2010 ou l’avant 25 juillet 2021.
«Les défis son énormes en raison des décennies de destruction et de corruption généralisée et il est du droit du peuple tunisien de demander des comptes et d’exiger l’assainissement de l’administration», a encore déclaré Saïed qui, selon ses termes, mène une nouvelle guerre de libération nationale contre ce qu’il considère comme l’ennemi intérieur.
I. B..
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