Manuel du sabotage à l’intention des ronds-de-cuir et des bras cassés

Quand, autour de nous, rien ne marche comme il devrait l’être, que tout le monde semble vasouiller, bégayer et faire du surplace, et que les paroles finissent par tenir lieu d’actions et de réalisations, on doit normalement s’interroger sur les moyens de sortir de ce cercle vicieux, et non s’y enfermer soi-même… par peur d’empêcher de tourner en rond.

Elyes Kasri *

En 1944, à la fin de la deuxième guerre mondiale, l’OSS, ancêtre de la CIA, l’agence de renseignements états-unienne, publiait le Manuel de sabotage simple sur le terrain (en anglais : Simple Sabotage Field Manual) ou de résistance passive compilant des techniques pour entraver l’ennemi depuis l’intérieur. Il s’agit d’un guide pour pratiquer la subversion dans n’importe quel pays ou organisation.

Parmi les techniques de sabotage enseignées par le manuel, on peut citer:

– miner le moral en offrant des promotions au personnel incompétent;

– inciter à toujours suivre les canaux décisionnels, ne jamais les éviter pour accélérer les décisions;

– parler fréquemment et longtemps en illustrant les différents points par des anecdotes ou des expériences personnelles, et mettre en avant, aussi souvent que possible, des problèmes sans conséquences;

– chipoter sur les mots précis de toutes les communications, comptes-rendus et résolutions;

– tout renvoyer à des comités pour une étude approfondie avec des comités les plus larges possible, et tenter à chaque fois de réexaminer les décisions prises dans les réunions précédentes;

– interroger constamment la permission du groupe dans lequel vous êtes à effectuer l’action pour laquelle il a été conçu, cela pouvant être en conflit avec un supérieur;

– défendre le principe de précaution et encourager tout le monde à être raisonnable, afin d’éviter les urgences qui pourraient poser des problèmes plus tard;

– encourager la «terreur de l’erreur», en minant l’autorité, la bravoure ou les personnes dirigeantes, en remettant en question la véracité de ce qu’elles font, même si c’est très clair.

Décidément, il y a lieu de se demander si ce manuel n’a pas des adeptes assidus en Tunisie.

* Ancien ambassadeur.

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