Pour avoir un sens et être vraiment utile pour l’économie, talon d’Achille de la transition démocratique en Tunisie, la nouvelle constitution en cours de finalisation devrait en finir avec la mentalité d’assisté, encourager l’esprit d’entreprise et le goût de l’innovation et ouvrir à la concurrence tous les secteurs de production et de services.
Par Elyes Kasri
Si la nouvelle constitution devait vraiment avoir une dimension économique et sociale, elle devrait donner comme norme à toute action gouvernementale la relance de l’ascenseur social et la promotion de l’égalité des chances à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’entrepreneuriat en mettant en place un dispositif juridique et institutionnel de réduction des verrous et blocages bureaucratiques et d’accès au financement.
Démocratie économique et justice entre les opérateurs
La lutte contre les situations de monopole, de rente économique et toutes les ententes de cartels devrait s’aligner sur les normes internationales et s’ériger en norme de démocratie économique et de justice entre les différents opérateurs sans distinction d’origine ou de moyens.
A part le secteur de la défense et ceux touchant de près la sécurité nationale, tous les secteurs de production et de services devraient être ouverts à la concurrence et à la liberté d’entreprendre.
Le renouvellement du tissu entrepreneurial et l’encouragement des jeunes entrepreneurs commencent par le démantèlement de ces blocages.
Pour sa part, l’Etat doit donner l’exemple en réduisant son train de vie et en imposant des limites à l’endettement public pour financer le titre 1 du budget (fonctionnement) de même que celui du secteur public.
La nouvelle constitution doit engager l’État à promouvoir la transparence et la justice fiscales et une répartition plus équitable de l’infrastructure, des opportunités d’investissement et de création d’emplois en mettant en place une stratégie de mise à niveau des zones défavorisées en vue de leur intégration dans l’économie nationale et régionale.
En finir avec la mentalité de victimes et d’assistés
Comme nous avons adopté dans le passé de nombreuses lois qui sont restées pratiquement lettre morte, il importe que la nouvelle constitution mette en place un échéancier type d’entrée en vigueur des lois avec les textes d’application nécessaires de même qu’un mécanisme périodique d’évaluation de la mise en œuvre et d’étude indépendante d’impact de toute nouvelle loi.
Il faudra surtout et principalement éviter d’ancrer davantage dans l’esprit des Tunisiens la mentalité de victimes et d’assistés mais plutôt d’encourager le goût de l’innovation et du risque sans avoir à recourir aux pistons, au régionalisme, au népotisme, à la proximité politique ou carrément à la corruption.
* Ancien ambassadeur.
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