Né en 1930 à Landivisiau, Xavier Grall est poète, essayiste, journaliste littéraire français.
Militant de la cause bretonne, son œuvre, importante, et à la voix singulière, s’illustre par un essai polémique, Le Cheval couché, (1977), écrit contre l’ouvrage de Pierre-Jackez Hélias, Le Cheval d’orgueil. Deux conceptions de la Bretagne qui divergent, entre regard ethnographique et actualité politique.
Ecrit peu avant sa mort, en 1981, à Quimperlé, son poème ‘‘Solo’’, est un texte-recueil, hommage à la terre natale, un hymne à la vie, une prière révoltée et tendre.
Tahar Bekri
Que je me couche transi
En funèbres fougères
Faites que je sache aimer encore
L’herbe des prairies
La clameur du bief
Et la voix de l’écluse
Emplissez d’azur
Mes paupières repliées
Et que sonnent les musiques
N’abîmez par chrétienne créance
D’ignoble effroi et longue dolence
Vous le savez
De mes péchés et mauvaisetés
Cent fois j’ai fait repentance
Accordez-moi l’infinie souvenance
De la splendeur de la terre
Et puis emportez-moi à l’exacte place
Qu’en votre pitié vous réservez
Aux hommes de ma chanteuse race
Seigneur Dieu
A mes frères et amis
Aux femmes que j’ai aimées
A tous ceux que mon cœur a croisés
Avant que d’entrer dans les Ténèbres
Transmettez je vous prie
Mon espérance testamentaire
Nul chant nul solo
Nulle symphonie nul concerto
Qui porte nostalgie d’amour
Et soif et faim de tendresse
Ne sera perdu dans la détresse de la mer
(Extrait)
‘‘Solo et autres poèmes’’, Ed. Calligrammes, 1981.



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