Pour relancer le secteur du textile en Tunisie

Certains spécialistes du textile estiment que la Tunisie n’a pas la compétence nécessaire pour monter en gamme et que la main d’œuvre locale est relativement chère par rapport à plusieurs pays concurrents en Asie. C’est là une vérité partielle, car toutes les conditions existent dans notre pays pour assurer une production qui satisfait les exigences internationales.

Nouredine Ben Mansour *

En fait, certains soi-disant des spécialistes ne connaissent pas les vrais problèmes de la branche et encore moins la réalité du pays. Les analyses faites en Europe sans la participation des opérateurs et stratèges locaux aboutissent à des vues théoriques pleines de suppositions et de scénarios parfois inopérants.

C’est grâce à l’intervention opportune de l’Etat que l’industrie textile a pris un certain élan en Tunisie. Et c’est aussi l’Etat qui a mis en place un mécanisme de modernisation du secteur pour améliorer sa compétitivité et assurer sa pérennité. Des sommes colossales ont été mises à la disposition des industriels sous formes d’appui et d’encouragement, qui ont permis de redresser la situation de nombreuses entreprises. Les bases de la mise à niveau ayant ainsi été mises en place, c’est l’action des chefs d’entreprises qui a fait le reste en modernisant les méthodes et les process de production dans les entreprises. Cette intervention publique s’est arrêtée nette depuis 2011 dans tous les secteurs de l’industrie. La suite on la connaît.

De nouvelles voies

Les chefs d’entreprises assument eux aussi une grande partie de la responsabilité dans les difficultés de leurs entreprises, car ils n’ont pas réagi à temps pour répondre aux défis posés par la concurrence internationale. Ils se contentaient d’agiter la «menace» du textile chinois sans élaborer ni mettre en œuvre des réponses adéquates pour y faire face. Aujourd’hui, il n’y a plus de «menace» du textile chinois qui a déjà occupé des positions importantes, notamment sur le marché européen qui, faut-il le rappeler, est le principal débouché produits tunisiens.

Là où nous en sommes aujourd’hui, il s’agit de revoir radicalement le modèle suivi jusque-là par cette industrie basée essentiellement sur la sous-traitance.

Il est plus réaliste aussi de suivre le développement du secteur non pas en termes d’évolution du chiffre d’affaires (qui est ô combien trompeur) mais en termes de volumes et de pièces exportées chaque année, sans perdre de vue l’évolution du taux de change.

Ces indicateurs de mesure sont plus sûrs et donnent une vue plus précise de l’évolution quantitative et qualitative du secteur.

Le textile tunisien est obligé d’emprunter de nouvelles voies pour assurer sa pérennité. Il doit éviter de se bloquer dans le concept classique de filière et d’être plus attentif aux besoins des différents marchés. Il sera sauvé par une nouvelle dynamique commerciale qui accroît ses exportations. Et par l’amélioration de la valeur compétitive de ses ressources humaines grâce à une meilleure formation sur les nouvelles technologies.

Autres axes stratégiques pour développer cette industrie : l’innovation pour créer de nouveaux produits plus adaptés aux besoins évolutifs du marché et la modernisation de la chaine logistique qui laisse beaucoup à désirer.

Marketing moderne

Face à un consommateur qui devient de plus en plus imperméable à la publicité de tapage et de matraquage, il s’agit aussi de moderniser les méthodes de marketing pour cibler plus directement les clients et de voir s’il faut raisonner en termes de produits, de créneaux ou de prix ?

Actuellement une nouvelle tendance de publicité et de communication a pris le devant. Ce sont les blogs animés par des influenceurs et influenceuses, qui sont plus proches des consommateurs et dictent les tendances de la mode surtout auprès des jeunes. Ces indicateurs de tendances apportent une approche marketing différente, simple, diversifiée et souvent efficace.

Pour faire face à la concurrence chinoise en matière de textile, l’entreprise tunisienne est censée s’éloigner de la production de masse, à diversifier sa production et à se spécialiser dans des micro-segments porteurs et à plus forte valeur ajoutée, qui demandent un savoir-faire particulier et une main d’œuvre très qualifiée.

Bref, la recherche et développement, le marketing offensif et la délocalisation d’une partie de la production, y compris en Chine, font partie d’une stratégie de relance de l’industrie textile tunisienne.

* Conseiller en logistique et commerce international.

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