Tunisie : la seconde décennie de la révolution démarre sous de mauvais auspices

Le recours du président de la république Kaïs Saïed à certains hommes et femmes, animé(e) des mêmes mentalités et pratiques népotistes, privilégiant la proximité politique au détriment de la compétence, produira inéluctablement les mêmes effets négatifs à l’avenir.

Par Elyes Kasri *

Malgré les pouvoirs étendus accordés par la nouvelle constitution et la profusion de promesses d’un monde meilleur par le président Kaïs Saïed et ses partisans-militants, il y a peu d’indications que la deuxième décennie de la révolution sera meilleure que la première.

En plus de l’aggravation de la crise économique en raison de la combinaison de facteurs systémiques et exogènes et les retombées sociales attendues du plan d’austérité économique et sociale en cours de négociation avec le Fonds monétaire international (FMI), la persistance de la troublante prédilection pour les nominations sur des critères de proximité politique au détriment de la compétence ne contribue pas à l’établissement d’un climat de confiance dans la gestion des affaires de l’Etat.

Les mauvaises pratiques ont la vie dure

Aussi longtemps que persisteront certaines pratiques consacrées par la Troïka (l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha entre janvier 2012 et janvier 2014, Ndlr) de triste mémoire et que certains cadres qui ont fait montre d’opportunisme et de servilité en se jetant aux pieds de Rached Ghannouchi (président d’Ennahdha, Ndlr) et de Moncef Marzouki (ancien président provisoire de la république, Ndlr) et leurs hommes de main pour être nommés, promus et décorés durant la décennie noire, seront maintenus à des postes de responsabilité et de représentation, les discours et promesses de Kaïs Saïed manqueront de crédibilité.

Les mêmes hommes et femmes, mentalités et pratiques, sont inéluctablement destinés à produire les mêmes effets.

* Ancien ambassadeur.

Illustration: le président Saïed place ses proches à la tête des gouvernorats, ici avec le gouverneur de Bizerte. Les Bizertins ironisent: le seul changement constaté dans la région depuis sa nomination, ce sont les kilos qu’il a pris.

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