Selon Noureddine Bhiri, chef du bloc parlementaire d’Ennahdha, c’est l’un des partis au pouvoir (et donc un allié au sien) qui est en train d’inciter les manifestants d’El-Kamour, à Tataouine, à «s’opposer aux institutions de l’Etat», faisant allusion au parti Echaâb, auquel il veut clairement «faire porter le chapeau». Mais pour quelles raisons ?
Sans le nommer, Bhiri a également affirmé, en marge de sa rencontre avec le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, ce lundi 22 juin 2020, que ce parti pourrait être également impliqué dans l’incitation des citoyens à la violence dans d’autres régions, comme Gafsa et Kébili.
L’islamiste a, par ailleurs, dit qu’il en a alerté Elyes Fakhfakh, et qu’il l’a appelé à ouvrir une enquête à cet effet, afin de prendre les mesures nécessaires.
M. Bhiri fait allusion au mouvement Echaâb, connu pour sa proximité politique de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui soutient ouvertement le mouvement El-Kamour. Cependant, il n’a donné aucune preuve sur ses accusations qui semblent plutôt avoir des motifs politiques, dignes de ce que nous a habitués l’avocat en termes d’honnêteté intellectuelle.
Incapable de trouver des solutions aux problèmes des jeunes chômeurs d’El-Kamour après les avoir reçus, il y a quelques mois, à l’Assemblée, tout en leur promettant d’œuvrer en vue d’aider à les embaucher, Noureddine Bhiri cherche, visiblement, aujourd’hui, un bouc émissaire et se défausse sur le parti Echaâb pour expliquer la reprise des protestations à Tataouine.
Rappelons le rapport entre Ennahdha et Echaâb est particulièrement conflictuel depuis quelques temps. Le président du parti islamiste, Rached Ghannouchi, a même laissé entendre, récemment, qu’il souhaiterait remplacer le mouvement nationaliste arabe par le parti Qalb Tounes au sein de la coalition gouvernementale.
Bhiri fait donc, à travers sa déclaration, d’une pierre deux coups : d’un côté, il règle les comptes politiques de son parti et, d’un autre, il se décharge, très courageusement, de sa responsabilité politique dans ce qui se passe à Tataouine, un important réservoir électoral pour Ennahdha.
Cherif Ben Younès
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