Alors de la Tunisie fait face à ses pénuries récurrentes de produits agricoles qu’elle est contrainte d’importer au prix fort, on apprend que des milliers de hectares de périmètres agricoles irrigués sont laissés en friche par l’administration publique. Si ce n’est pas là de la mauvaise gouvernance, cela lui ressemble beaucoup.
Dans ce contexte qui interpelle et donne à réfléchir, le président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Sousse, Hassene Letaief, a mis en garde contre l’abandon délibéré des périmètres publics irrigués dans ce gouvernorat du Sahel tunisien, dont moins de 250 hectares sont aujourd’hui exploités, alors que leur superficie totale couvre 2500 hectares. Qui est responsable de ce gâchis, sinon les autorités publiques qui ne trouvent pas de solution pour garantir l’exploitation de ces terres agricoles laissées à l’abandon.
Dans une déclaration à l’agence Tap faite, jeudi 22 septembre 2022, en marge d’une séance de travail organisée ce jour au siège régional de l’organisation syndicale, à l’occasion de l’ouverture de la campagne agricole dans le gouvernorat de Sousse, en présence de d’agriculteurs, de pêcheurs et de responsables administratifs, Hassene Letaief a estimé que le rétrécissement continu des périmètres irrigués d’année en année est dû à la faiblesse des ressources en eau qui proviennent principalement des barrages de Nebhana et d’Oued Ermal.
Il a appelé les autorités compétentes à mettre fin à ce processus de régression du secteur agricole dans le gouvernorat de Sousse, qu’il a décrit comme une région agricole par excellence, comptant environ 11 000 hectares de terres cultivables.
M. Eltaief a suggéré, à cet égard, le creusement des puits profonds dans chaque périmètre irrigué public, ainsi que la mise en place d’un plan pratique de dessalement de l’eau de mer et l’arrêt de l’exploitation des eaux du barrage de Nebhana à des fins non-agricoles, soulignant la nécessité pour la Société tunisienne d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) de cesser de prélever sa part des eaux du barrage de Nebhana, qui devraient être exclusivement destinées à l’irrigation agricole, a-t-il dit.
D’autres facteurs tels que les prix élevés des intrants agricoles et leur manque sur le marché, ainsi que les prix élevés des semences, ont contribué à la baisse de l’activité agricole dans le gouvernorat de Sousse, dont les agriculteurs ont été exclus au cours de la saison agricole écoulée de l’approvisionnement en DAP et ammonitrate, a encore précisé M. Eltaief, appelant les parties responsables à fournir ces deux produits en même temps.
Le responsable syndical a enfin souligné que le manque de ressources humaines dans les cellules de vulgarisation agricole, et le vieillissement des moyens de transport pour assurer les visites sur le terrain pour former les agriculteurs, sont parmi les indicateurs qui alertent sur le danger imminent qui menacent le secteur agricole dans le gouvernorat de Sousse.
I. B.
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