Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, continue d’agiter le chiffon rouge, en rappelant ses précédentes mises en garde sur détérioration de la situation sociale dans le pays. «Si la Tunisie, Dieu nous en préserve, subissait le moindre choc cette année, elle ne pourrait pas le supporter», a-t-il déclaré mercredi 5 octobre 2022.
Par Imed Bahri
M. Taboubi ne menace pas à proprement parler de provoquer de nouveaux mouvements sociaux pour protester contre la détérioration de la situation sociale : inflation galopante, hausse des prix, cherté de la vie, baisse du pouvoir d’achat, précarisation des couches les plus démunies de la population… mais il n’écarte pas pour autant une explosion sociale, tout en en rendant responsables les pouvoirs publics.
Qui payera la facture ?
«Nous savons que la facture sera payée par le pays, son peuple, les couches défavorisées, les pauvres et les classes moyennes en particulier», avertit M. Taboubi. Et de lancer aux responsables actuels dans le pays au cas où ils l’auraient oublié: «Notre ferme conviction est que le pouvoir ne dure jamais», en rappelant l’adage arabe sur le caractère éphémère du pouvoir : «Si ça avait duré pour les autres, vous n’en auriez pas hérité !»
Après une brève période au cours de laquelle le dirigeant syndical avait baissé le ton de ses revendications pour passer un accord avec le gouvernement sur une nouvelle hausse des salaires dans le secteur et la fonction publics, M. Taboubi semble avoir repris une posture offensive, rappelant, dans tous ses discours, l’opposition de son organisation aux principaux axes des réformes sur lesquelles la Tunisie s’est engagée dans le cadre de ses négociations en cours avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt de 4 milliards de dollars sur trois ans.
«Les slogans (lancés par le gouvernement, Ndlr) sur l’orientation de la subvention (de l’Etat, Ndlr) vers ceux qui le méritent (c’est-à-dire les plus démunis de la population, Ndlr) ne sont pas contestables en tant que tels, mais ce qui est contesté c’est la levée des subventions alors que le salaire minimum dans le pays ne dépasse pas 429 dinars par mois», lance le leader syndical. Qui ajoute sur un ton de défi : «On pourra commencer à penser à la levée des subventions quand le salaire minimum sera de mille dinars.»
Le Smig à 1000 dinars
M. Taboubi a rappelé, dans ce contexte, que toutes les catégorises sociales en Tunisie, même les classes moyennes supérieures, ont aujourd’hui besoin d’être soutenues par l’Etat: «Le médecin universitaire dans nos institutions hospitalières a besoin d’être soutenu, et pour preuve : regardez le nombre de nos compétences médicales qui ont émigré pour essayer d’améliorer leurs conditions sociales.»
Tout cela pour dire que le gouvernement peut toujours s’engager sur des réformes économiques, plus douloureuses les unes que les autres, comme celles relatives à la levée des subventions, à la baisse de la masse salariale dans le secteur et la fonction publics, à l’assainissement et/ou cession totale ou partielle des entreprises publiques en difficulté… mais pour espérer mettre ces réformes en œuvre, il doit composer avec la centrale syndicale qui s’y oppose catégoriquement.
Avis de tempête en l’air…
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