Kaïs Saïed n’est pas sorti de nulle part. Il est plutôt le résultat de dix années durant lesquelles l’élite politique ayant porté l’étendard de la démocratie avant la révolution de 2011 a échoué à mener la phase de transition démocratique, finalement portée par des mouvements politiques venus récemment à la politique.
C’est ce qu’a affirmé Sahbi Khalafaoui, dans une déclaration à Mosaïque, en marge d’une rencontre, mercredi 9 novembre 2022, sur le populisme en Tunisie, ajoutant que l’actuel président de la république est apparu au lendemain de la révolution de 2011 et s’est construit l’image d’un symbole de moralité et d’intégrité. Son émergence sur la scène politique a coïncidé avec l’échec de la transition démocratique et des politiques économiques et sociales, ainsi que l’absence d’un système qui fasse rêver tout le monde, ce qui a conduit à la recherche de solutions hors des sentiers battus, a ajouté le chercheur en sciences politiques, laissant entendre que le locataire du palais de Carthage a émergé à la faveur du vide politique ainsi laissé.
Sahbi Khalafaoui a ajouté que Kaïs Saïed n’a pas constitué une alternative pour tous les Tunisiens puisque seuls 600 000 électeurs ont voté pour lui au premier tour des élections présidentielles de 2019, laissant ainsi entendre qu’il doit son élection à la présence, en face de lui, au second tour, d’un épouvantail appelé Nabil Karoui, symbole de la corruption et des combinazione.
Le chercheur en sciences politiques a aussi indiqué que la montée du populisme en Tunisie, en particulier celui de Kaïs Saïed, est le résultat de l’échec des élites dirigeantes, notamment sur les plans économique et social, leur incapacité à construire une vraie démocratie, et à former des propositions politiques sérieuses susceptibles d’éloigner les électeurs des choix aventureux pouvant avoir des conséquences catastrophiques.
Sahbi Khalafaoui a estimé que l’absence d’alternative justifie le maintien de la confiance au président Kaïs Saïed, et le soutien constant dont il bénéficie malgré la baisse de cette confiance.
Le mauvais souvenir de la période d’avant le 25 juillet 2021, date de la proclamation de l’état d’exception par le locataire du palais de Carthage, y contribue aussi.
I. B.
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