Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a annoncé jeudi 17 novembre 2022 le lancement de la plateforme numérique d’agrégation de paiements de factures Paysmart.tn.
Intervenant lors d’un séminaire sur le thème de «l’innovation des paiements numériques comme véritables leviers de croissance inclusive en Tunisie» organisé par la BCT et la Société financière internationale (SFI) à Gammarth (banlieue nord de Tunis), M. Abassi a relevé que ce projet mené en partenariat avec IFC permettra aux citoyens de payer en ligne et via des applications mobiles les factures de plusieurs services publics, tels que l’eau et l’électricité, sans frais supplémentaires.
La plateforme Paysmart.tn a été conçue par la Société monétique Tunisie (SMT) et développée par une Fintech tunisienne, WeSettle. Il a été testé au cours des six derniers mois, avec la collaboration de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), la Société nationale de distribution et d’exploitation des eaux (Sonede) et sept institutions financières.
Extension de la solution à d’autres services publics
«L’importance de la digitalisation des paiements de l’Etat le souci de faire respecter la transparence des échanges, l’inclusion financière et le décachage. La Banque centrale de Tunisie avec ses partenaires nationaux et internationaux et la SFI, ont œuvré pour consolider les fondements du paiement numérique des factures en Tunisie. Les leçons tirées de la phase pilote qui a été menée au cours des six derniers mois serviront à étendre progressivement cette solution à d’autres services publics», a déclaré M. Abassi. Il a ajouté que le lancement de cette plateforme de paiements électroniques intervient dans un contexte marqué par un faible taux d’inclusion financière (moins de 40%), un recours exacerbé au cash (18 milliards de dinars), une prolifération des risques, une forte pénétration du mobile (+125%) et des avancées technologiques (Cloud Computing, Blockchain…).
Pour sa part, le Pdg de Tunisie Monétique, Bilel Darnaoui, a souligné que cette plateforme numérique facilitera le paiement des factures, en utilisant les différents moyens disponibles (cartes bancaires, paiements mobiles, porte-monnaie électronique…), indiquant que les opérations de paiement via cette plateforme sont souples et sécurisées et ajoutant que les citoyens qui ne peuvent pas l’utiliser (parce qu’ils ne possèdent pas de carte bancaire ou ne maîtrisent pas la technologie…) peuvent se rendre dans les épiceries, les librairies…, pour payer leurs factures.
M. Darnaoui a indiqué qu’une convention a été signée entre 8 banques tunisiennes, la Steg, la Sonede et deux établissements de paiement (Enda Cash et Zitouna Payment), pour organiser les interactions et les échanges de données entre les différents intervenants sur la plateforme Paysmart.tn et définir les droits et devoirs de chacun d’eux.
Le directeur des systèmes et moyens de paiement à la BCT, Nizar Chaddad a indiqué que la Banque veillera au respect des normes en vigueur par tous les intervenants pour sécuriser l’utilisation de cette plateforme.
Promouvoir l’inclusion financière
Xavier Reille, directeur pays de la SFI pour le Maghreb et Djibouti, a déclaré que «les nouvelles technologies ont considérablement modifié le paysage financier dans le monde. Les particuliers et les entreprises autrefois considérés par les institutions financières comme trop risqués sont désormais de nouveaux segments de marché à fort potentiel. Le développement d’un secteur financier fort et innovant est une priorité pour la SFI en Tunisie, et nous sommes fiers de travailler avec la Banque centrale de Tunisie pour promouvoir l’inclusion financière.»
S’adressant ensuite aux journalistes, il a souligné l’assistance technique apportée à la BCT pour la mise en place de ce nouveau système de paiement électronique et finaliser toutes ses étapes, sur la base des expériences menées par la SFI dans plus de 100 pays, ajoutant que «la Tunisie pourrait aller très loin dans la digitalisation des paiements grâce à l’existence des infrastructures nécessaires et à la volonté des gros facturiers de digitaliser leurs paiements.»
Deux nouvelles études d’IFC présentées lors de l’événement révèlent qu’il existe une forte demande de services financiers numériques en Tunisie. Les nouvelles technologies offrent aux prestataires de services financiers la possibilité d’élargir leurs marchés. Selon l’une des études, les agriculteurs dépendent principalement des transactions en espèces et des services financiers informels tandis que l’opportunité de numérisation des paiements dans les secteurs de l’huile d’olive, de la datte et de la tomate est estimée à plus d’un milliard de dollars.
Le projet de plateforme de paiement numérique est mis en œuvre par la BCT, en partenariat avec la SFI et en collaboration avec l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et le Secrétariat d’Etat suisse à l’économie (Seco) dans le cadre du programme MPME 2.0 de la Banque mondiale.
L’étude sur la numérisation des chaînes de valeur agricoles a été soutenue par le programme Trace (Chaînes d’emplois ruraux et agricoles tunisiens), soutenu par le gouvernement des Pays-Bas.
D’après Tap.
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