Le Front de salut national (FSN), initié et présidé par Ahmed Nejib Chebbi regroupant des partis opposés au président de la république Kaïs Saïed a exprimé son rejet catégorique de la déclaration du Président français Emmanuel Macron, tenue en marge du Sommet de la Francophonie Djerba : «Elle est attentatoire à la démocratie tunisienne par des propos qui expriment un net soutien au projet autoritaire, unipersonnel de Mr Saïed»
Dans un communiqué publié ce mercredi 23 novembre 2022, le FSN a rappelé qu’Emmanuel Macron a exprimé l’espoir de voir parachever «la feuille de route» ; «découlant du coup d’État du 25 juillet, fustigé par la quasi-totalité de la classe politique tunisienne, estimant que cela signifie son appui sans équivoque à ce processus de démantèlement des institutions démocratiques chèrement acquises par les tunisiens, suite à la révolution de la dignité de 2010/2011»
Le FSN estime que cette attitude est «déconcertante» et qu’elle ne manquera pas «d’encourager le Président tunisien à continuer sa campagne de dénigrement, d’arrestations et de jugements par les tribunaux militaires à l’encontre de ses opposants selon des lois répressives et liberticides créées pour la circonstance».
«Cette vision des choses ne manque pas de nous rappeler les propos de l’un de ses prédécesseurs, lors d’une visite en Tunisie qui prétendit que les droits de l’homme :« c’est avant tout le droit de manger et de se soigner », ainsi que le sort réservé à Mme Alliot Marie en février 2011, suite à ses propos désobligeants à l’égard la révolution tunisienne. Cette position pour le moins inamicale pour ne pas dire hostile à l’encontre du peuple tunisien, ne peut œuvrer à la bonne entente entre deux pays qui ont appris à s’entendre et à s’apprécier depuis plusieurs décennies», lit-on encore dans le communiqué publié par le FSN.
«Les Tunisiens en dépit d’une crise politique, sociale et économique (classique dans les pays en transition démocratique), ne sont pas prêts à sacrifier leur liberté. Ils l’ont chèrement acquise au prix de martyrs lâchement assassinés. Ils la défendront à mains nues quel qu’en soit le prix», ajoute encore le Front de Nejib Chebbi, en ajoutant : «Ils sont en cela âprement soutenus par la communauté internationale (Gouvernements et sociétés civiles) éprise de droit et de liberté. Les instances internationales dont le G7, l’UE, l’ONU ont, elles aussi, exprimé leur appui au retour à la légalité constitutionnelle et à un dialogue national inclusif. Se sont ajoutées à cela et non des moindres, les conclusions de la commission de Venise et la décision de la cour Africaine des droits de l’homme et des peuples».
Et de conclure en exprimant son «vif souhait que la France, pays de la déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen, revienne à des positions plus conformes à ses valeurs, car seule la liberté peut durablement fonder la stabilité et la paix dans le monde».
Rappelons que la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a elle aussi estimé que le président français s’est mêlé des affaires internes de la Tunisie.
Elle a également fait savoir qu’une correspondance officielle a été envoyée via l’ambassade de France à Tunis, où elle a expliqué «que le peuple tunisien refuse cette intervention étrangère… Le fait de donner une position doit être conforme au droit du tunisien à fixer son sort. Nous avons donc appelé le président français à réviser sa position afin qu’elle soit conforme aux accords internationaux».
Y. N.
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