A quoi sert un plan de développement économique s’il reste souvent lettre morte (ou presque) et si les réformes qui y sont programmées sont rarement mises en œuvre dans les délais et selon les termes fixés ? Pour que ces textes aient une quelconque utilité, la moindre des choses est que leur mise en œuvre soit régulièrement évaluée. Le fait-on vraiment en Tunisie ? Qu’on nous permette d’en douter…
Par Imed Bahri
Le plan de développement de la Tunisie pour la période 2023-2025 est fin prêt et il a été transmis aux différents départements ministériels pour faire part de leurs commentaires avant une version définitive, a indiqué le ministre de l’Economie et de la Planification, lundi 28 novembre 2022.
Samir Saïed, qui était en visite de travail au gouvernorat de Bizerte, a ajouté dans une déclaration à l’agence Tap que d’importantes réformes sont inscrites dans ce plan «en cohérence avec les orientations de la loi de finances pour 2023», indiquant que la vision globale de ce plan vise l’amélioration du climat d’investissement et la mise en place de partenariats entre les secteurs public et privé.
Langue de bois et effets de manche
«Les secteurs privé et public jouent un rôle essentiel dans la réalisation de la croissance et de la richesse nationale et un partenariat entre les deux peut certainement fournir à l’État des investissements pour développer les secteurs de la santé, de l’éducation et des affaires sociales, en plus des interventions de solidarité», a déclaré le ministre.
Parlant des zones industrielles, Saied a déclaré que plusieurs mesures ont été prises pour améliorer leur fonctionnement, l’objectif étant de renforcer leur contribution à l’économie nationale, de promouvoir la création d’emplois et d’améliorer la compétitivité du pays.
Voilà pour la langue de bois officielle, qui ne mange pas de pain et qui, surtout, n’engage en rien celui qui la tient – les ministres d’aujourd’hui n’étant jamais là demain pour rendre des comptes aux pauvres contribuables que l’on continue de faire saigner.
Il reste que le ministre Saïed, qui semble content de «son» plan, n’a pas cru devoir préciser si le précédent plan de développement 2016-2020 a fait l’objet d’un bilan chiffré et si les obstacles rencontrés pour sa mise en œuvre – si mise en œuvre il y a eu – ont été identifiés, et quelles mesures vont être prises pour les surmonter.
Des moulins à vent
Car, à quoi servent tous ces textes, véritables «moulins à vent», que l’on perd beaucoup de temps et d’argent à élaborer, en mobilisant, pendant des mois voire des années, les hauts cadres de l’administration publique, avant de les oublier au fond des tiroirs. A quoi servent-ils, en effet, s’il n’y a pas de sérieuses évaluations qui pointent les freins, les blocages, les difficultés et les résistances de toutes sortes qui empêchent la mise en œuvre des réformes qui y sont programmées à grand renfort d’annonces, mais qui sont rarement suivies d’effet ?
Cette question est d’autant plus légitime que beaucoup des réformes structurelles prévues dans le cadre du plan de développement 2016-2020 n’ont pas encore été mises en œuvre et se retrouvent telles quelles dans celui des années 2023-2025 ? C’est comme si l’administration publique fonctionne à vide et se contente, par de pareils effets de manche, de justifier ses énormes effectifs et ses dépenses faramineuses et superflues !
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