Le secrétaire général du mouvement Tunisie en avant, Abid Briki, a tenté d’expliquer le très faible taux de participation aux législatives anticipées du 17 décembre 2022, soit 8,8% des électeurs inscrits sur les listes électorales, taux revu à la hausse, lundi 19 décembre, par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), à 11,2%.
Pour analyser ce taux et en comprendre la signification, il faut le comparer à celui enregistré lors du référendum constitutionnel, a dit Abid Briki, qui intervenait ce mardi 20 décembre dans la Matinale de Shems FM.
Entre juillet et décembre, le nombre des électeurs qui sont allés aux urnes est passé de 3,5 millions, dont 3 millions ont voté pour le projet de constitution proposé par Kaïs Saïed, à environ 1 million. Le président de la république a, par conséquent, perdu 2 millions de voix. Comment expliquer cette importante perte de soutien en cinq mois ? Réponse de Briki: «Il y a eu des promesses faites par le président qui n’ont pas été respectées. Ni le président ni la cheffe du gouvernement ne sont sortis pour expliquer la détérioration de la situation générale dans le pays. Et il n’y a pas eu non plus d’explication du non-avancement des dossiers».
Le secrétaire général de Tunisie en avant voit d’autres causes au faible taux de participation aux législatives. Les partis soutenant le président de la république et le processus politique qu’il a engagé avec la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021 n’ont pas pu organiser des campagnes électorales en faveur de leurs candidats, parce qu’ils en ont été empêchés par les règles imposées par l’Isie. Il y a eu aussi l’appel au boycottage du vote lancé par les partis opposés au président, dont Ennahdha, qui s’est prévalu, en 2019, de 1,5 million d’électeurs.
Autre facteur ayant aggravé l’abstention : l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui avait appelé ses membres à voter au référendum, a exprimé des réserves vis-à-vis des législatives que son secrétaire général, Noureddine Taboubi, a qualifié d’«incolores et inodores», tout en appelant à leur report.
Pour ne rien arranger, il y a eu le phénomène récurrent chez la moitié des électeurs tunisiens de bouder les élections, dont ils n’ont pas vu, par le passé, d’impact positif sur leur vie, a indiqué Abid Briki, qui a appelé le président Saïed à tirer la leçon de ce vote sanction et de constituer un gouvernement de salut national, en concertation avec les organisations nationales. Plus que d’élections, la Tunisie a besoin d’un programme économique courageux et concerté pour sortir de la crise.
I. B.
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