Selon Moktar Lamari, la restructuration de la dette des pays pauvres et mal gouvernés comme la Tunisie pourrait bientôt ne plus passer nécessairement par le Club de Paris, ou pas uniquement. (Illustration: pays membres du Club de Paris).
L’économiste tunisien enseignant au Canada a écrit sur son blog Economics for Tunisia, E4T sous le tire ‘‘Bye-bye le Club de Paris, la donne a changé…’’ que, les dernières statistiques sur la crise de la dette des pays pauvres montrent que «d’autres prêteurs plus puissants et plus généreux se sont imposés, par le jeu de la déglobalisation et par le changement des rapports de forces économiques», de sorte que «la structure de la dette et les créanciers des pays pauvres ne sont plus les mêmes» et que «les prêteurs classiques des rouages du Club de Paris sont en perte de vitesse».
Selon des statistiques, présentées hier, mercredi 18 janvier, lors des travaux du Forum de Davos, par des conférenciers crédibles, utilisant les données de la Banque mondiale, «les prêteurs ont changé et de nouveaux joueurs sont apparus», de sorte que le Club de Paris est dépassé, ses prêteurs ne constituant plus que 15% de la dette des pays pauvres et sur endettés (PP$E)», souligne Moktar Lamari, ajoutant que «la Chine seule finance la dette des pays pauvres autant que tous les pays du Club de Paris», alors que «les fonds privés (vautours?) s’accaparent une bonne part du gâteau de la dette des PP$E».
En d’autres termes, «les bailleurs multilatéraux, comme le FMI, BM, BAD… n’ont plus le contrôle exclusif, et cela se joue de plus en plus dans un contexte de déglobalisation et de parcellisation de la dette…»
Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour un pays surendetté comme la Tunisie, et qui tend encore son escarcelle pour de providentiels bailleurs de fonds ? Réponse de l’économiste : «La Tunisie peut profiter de ce contexte, mais en se dotant de l’expertise et de la veille stratégique nécessaires pour diversifier le portefeuille de sa dette et pour en assumer les responsabilités de manière transparente.»
Rappelons que le Club de Paris est un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés. Les créanciers du Club de Paris leur accordent un allègement de dette pour les aider à rétablir leur situation financière.
Les vingt-deux pays membres permanents du Club de Paris sont l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, le Canada, la Corée du Sud, le Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la Russie, la Finlande, la France, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.
I. B.
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