D’où viendra le salut de la Tunisie ?  

Le salut de la Tunisie ne viendra ni des adeptes islamistes de la providence divine ni des adeptes gauchistes de l’État providence avec leurs avatars nationalistes arabes et autres, mais plutôt d’une quête de l’excellence dans la gouvernance et les valeurs de travail, de production et d’innovation.

Par Elyes Kasri *

En dépit des nombreuses tentatives de reproduire la formule du dialogue national de 2013 qui a valu à ses quatre protagonistes (UGTT, Utica, LTDH Ordre des avocats) le prix Nobel de la Paix en 2015 mais n’a rien fait pour sortir la Tunisie de sa crise socio-économique qui menace de nos jours son existence même, il faut se rendre à l’évidence que ces acteurs relèvent désormais plus du problème que de la solution.

Aucune des quatre organisations ne semble porteuse d’une vision d’avenir sinon le maintien de privilèges et de rentes de situation de nature à bloquer toute velléité de changement du modèle socio-économique exigé par la situation critique de la Tunisie et son environnement international extrêmement volatile.

Réduire l’omniprésence de l’Etat

Le sauvetage de la Tunisie ne viendra ni des adeptes islamistes de la providence divine ni des adeptes gauchistes de l’État providence avec leurs avatars nationalistes arabes et autres.

L’avenir de la Tunisie n’est dans aucune régression historique proche ou lointaine mais plutôt dans une quête de l’excellence dans la gouvernance et les valeurs de travail, de production et d’innovation.

La première responsabilité de l’Etat sera de réduire son omniprésence tout en la rendant plus effective la où cela compte, car la Tunisie souffre actuellement du paradoxe d’un Etat à la fois envahissant tout en étant défaillant car manquant tragiquement de moyens.

La révision et le recentrage du rôle de l’Etat Léviathan aux relents franco-ottomans sera le premier défi et pré-requis pour toute renaissance de la Tunisie.

Outre, l’intégration des activités économiques dans l’économie formelle, la Tunisie devra procéder à une refonte en profondeur du rôle de l’État et adopter une politique industrielle ciblant des locomotives industrielles et technologiques tenant compte des avantages comparatifs du pays.

Le borgne restera roi

Hélas, à ce jour, en dépit des lieux communs et du il n’y a qu’à, aucun projet ne semble se hisser à ce niveau de remise en question du passé et d’ambition et d’audace pour la Tunisie du XXIe siècle.

Dans cette absence de vision et de leadership, la Tunisie poursuivra sa marche titubante vers l’abîme et le borgne restera roi dans le royaume des aveugles.

* Ancien ambassadeur.

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