Principal acteur de l’industrie pétrolière en Tunisie, où elle bénéficie d’un quasi-monopole, la Société tunisienne des activités pétrolières (Etap) aurait dû être largement bénéficiaire, mais sa mauvaise gouvernance en a fait l’une des entreprises publiques les plus endettées du pays. Cherchez l’erreur !
L’Etat fait actuellement face à plusieurs défis, principalement des pertes financières et la perturbation de ses activités, notamment avec l’augmentation de ses dettes, malgré sa situation monopolistique sur un secteur stratégique.
Les bénéfices de l’Etap ont considérablement chuté ces dernières années en raison de la baisse de la production pétrolière sur certains sites de production et du manque de nouvelles explorations.
Hausse des dettes, baisse des performances
Selon les statistiques du ministère des Finances, les dettes de l’Etap sont réparties entre l’État, les banques, les entreprises publiques et les fonds sociaux.
L’augmentation de la dette de l’Etap ces dernières années a affecté ses performances et sa capacité à investir dans de nouveaux projets.
Le rapport du ministère des Finances sur les entreprises publiques, publié fin 2022, a estimé une tendance à la hausse des dettes de l’Etap envers les banques, en 2021, s’élevant à 100,8 millions de dinars tunisiens (MDT) et 14,3% par rapport à 2020. Quant à sa dette envers les fournisseurs, à fin 2020, elle atteint 188,6 MDT, en hausse de 34,5 MDT et 22,4% par rapport à 2019.
Selon la même source, l’endettement de l’entreprise envers les fournisseurs devrait se poursuivre en 2021, augmentant de 111,2 MDT et 59% pour atteindre 299,8 MDT.
En revanche, malgré la stabilité de ses effectifs, les charges de personnel de l’Etap pourraient augmenter de 11,4% pour atteindre 49 MDT en 2021, sachant que les salaires représentent 33,79% des pertes enregistrées en 2021.
Le dernier rapport du ministère des Finances sur les entreprises publiques a estimé que l’Etap enregistrera un résultat net négatif de -145 MDT, à fin 2021, enregistrant une hausse relative de 262 MDT (soit une augmentation de 64,4 %) par rapport à l’année 2020.
Cette augmentation s’explique par l’amélioration du résultat d’exploitation de l’entreprise qui devrait atteindre 164,5 MDT, avec la hausse des revenus de l’Etap provenant de la commercialisation des carburants, en lien avec la hausse de la demande et la hausse des prix sur les marchés mondiaux.
Baisse des investissements d’exploration
Les financements liés aux projets d’investissement de l’Etap atteindront 258,7 MDT en 2021, une augmentation significative par rapport à 2019, avec une valeur de 59,7 MDT.
L’activité d’exploration a été marquée par la réalisation d’investissements d’une valeur de 100 millions de dollars (permis) et l’octroi de 21 autorisations (14 autorisations de recherche et 7 permis de recherche) couvrant une superficie de 74 935 kilomètres carrés, à fin septembre 2022…
Fin 2021, l’Etap a noté une baisse notable des investissements d’exploration pour les permis, qui ont atteint 23 millions de dollars, soit une baisse d’environ 28% par rapport à 2020. Elle a expliqué que ces investissements ont été affectés par l’impact de la crise pandémique.
Douze permis d’exploration et huit permis de prospection ont été accordés au cours de l’année. Ils couvrent une superficie de 75 795 kilomètres carrés (km2), dont 44 696 km2 à terre et 31 099 km2 en mer. Ces permis sont exploités par 14 compagnies pétrolières nationales et internationales.
Pas d’exploration en 2021
L’Etap a annoncé la création de deux nouvelles concessions, «Chalbia», issue du permis de recherche «Jenein Sud», et «Sidi Marzouk», issue du permis de recherche «Zaafrane».
Deux puits d’exploration ont été forés par la société ENJ au sein de la concession «Arayfa», «Arayfa 1», et par la société ENI au sein de la concession «Borj El Khadra», «Anbar 1». En 2021, il n’y a pas eu de nouveau puits, contre trois en 2020.
Malgré le blocage, comme l’indique le rapport du ministère des Finances, les licences d’exploitation de l’Etap devraient enregistrer une augmentation de la production pétrolière de 0,61 million de barils en 2021, soit une augmentation de 61% de la production de gaz naturel de 530 000 tonnes de tep et une augmentation de 41,8% de la production de gaz liquéfié de 6 600 tonnes.
Cette hausse de la production s’explique en grande partie par la reprise de la production de l’entreprise à l’état naturel, après un blocage qui a duré jusqu’en 2020, suite à la propagation du coronavirus et aux protestations sociales dans certaines zones de production.
Selon les données fournies par l’Etap, à fin 2022, la production cumulée de pétrole brut dans le cadre des permis d’exploitation de la société atteindra environ 10.101.657 barils, avec un taux de variabilité négatif de 12% par rapport au début de 2022.
Les données pour la même période montrent que les quantités de gaz commercialisées s’élèvent à 1.763,169 millions de m3, soit un écart de 6% par rapport aux prévisions.
D’après Tap.
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