Alors que le dinar continue sa chute irrémédiable, que l’inflation se maintient à deux chiffres, que les prix flambent, que les dettes de l’Etat atteignent les cimes inégalées et que les finances publiques peinent à se relever, le gouvernement ne parvient pas à contrôler le déficit de sa balance commerciale qui continue de se creuser, lui aussi, irrémédiablement. La pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ne sauraient tout justifier… Il y a clairement aussi un problème de gouvernance.
En effet, la note sur le Commerce extérieur aux prix courants de juillet 2023 publiée, mardi 22 août 2023, par l’Institut national de la statistique (INS), nous apprend que le déficit commercial mensuel de la Tunisie s’est creusé, en juillet 2023, pour atteindre 1391,9 millions de dinars(MDT), contre 466,4 MDT en juin 2023, et que le taux de couverture des importations par les exportations a chuté de 13,2 points en juillet 2023 par rapport à juin, atteignant 78,9%.
Recul des exportations de 4,5%
L’INS a expliqué ces résultats par la baisse des exportations de 4,5%, en juillet 2023, par rapport au mois précédent, ce qui reflète la contraction enregistrée dans la plupart des secteurs. Et ce, sommes-nous tentés d’ajouter, malgré la baisse continue de la valeur du dinar, censée doper les exportations.
La plus importante contribution à cette diminution globale des exportations provient du secteur des mines et des phosphates, dont la chute atteint 43,1%.
Idem pour le secteur du textile, de l’habillement et du cuir, dont la contraction des ventes a atteint 10,2%.
Les secteurs des industries mécaniques et électriques, des industries manufacturières diverses et de l’énergie ont également vu leurs exportations se replier, respectivement, de 3,4%, 5,2% et 3,9%.
Toutefois, les exportations de l’agriculture et des industries agroalimentaires ont affiché une croissance positive (+17,4%).
Les exportations vers l’Union Européenne(UE) ont quasiment stagné (-0,5%), en raison des évolutions divergentes par pays.
En effet, les ventes tunisiennes ont augmenté avec la France (+2,5%) et les Pays-Bas (+75,8%), tandis que des baisses ont été observées avec l’Allemagne (-12,4%), l’Espagne (-21,1%) et l’Italie (-3,4%).
Hors UE, les exportations ont enregistré une baisse de -13% principalement en raison de la chute des exportations vers les États-Unis (-33,3%), le Royaume-Uni (-21,8%) ainsi que les pays du Maghreb (-10,4%).
Hausse des importations de 11,6%
Pour ne rien arranger, et comme pour assombrir davantage un tableau déjà assez sombre, les importations ont augmenté, en juillet 2023, de 11,6%, principalement, sous l’effet de la hausse des importations d’énergie.
En effet, les importations de produits énergétiques ont rebondi après avoir chuté pendant deux mois consécutifs. En augmentant de 132,6%, elles contribuent, ainsi, de 10 points de pourcentage à la croissance globale des importations.
Hors produits énergétiques, les importations ont tout de même augmenté de 1,7%, en raison de l’accroissement de 9,3% des importations de matières premières, dont les produits chimiques inorganiques.
Toujours selon la note de l’INS, les importations de biens de consommation non alimentaires ont connu une augmentation de 6,5%, principalement attribuable à la hausse des importations de voitures de tourisme.
Cependant, les importations de produits alimentaires ont enregistré une baisse notable de 14,2%, en raison de la diminution des importations de blé, ce qui n’est pas à proprement parler une bonne nouvelle, puisqu’on assiste depuis plusieurs semaines à une raréfaction de ce produit et son corollaire, une pénurie de farine et de pain. Ceci explique donc cela…
Par ailleurs, les importations de biens d’équipement ont connu, en juillet 2023, un recul de 9,9%.
Les importations en provenance de l’UE ont augmenté de 0,9 %. Cette faible augmentation est le résultat d’une part, des hausses des importations avec l’Allemagne (+36,5%), l’Italie (+16,8%) et la France (+15,1%) contre des baisses enregistrées avec l’Espagne (-8,4%), la Belgique (-17,3%) et les Pays-Bas (- 15,4%).
Hors UE, les importations ont fortement augmenté de 11,4%, en raison de la hausse des importations en provenance d’Algérie (+588%), notamment l’électricité, et des importations en provenance de Russie (+64%) principalement en produits pétroliers.
I. B.
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