Le vernissage de l’exposition «Prestige» de l’artiste Dora Dalila Cheffi a eu lieu vendredi 20 mai 2022, à la station d’art B7L9 à Bhar Lazreg. Dans cette exposition, l’artiste tuniso-finlandaise explore à sa manière l’univers du mariage traditionnel tunisien.
Par Hatem Bourial
Dora Dalila Cheffi décline en effet avec des peintures et des vidéos tout un monde de détails qui font que nos fêtes de mariage ne sont à nulles autres pareilles. Abordant la thématique avec humour et selon une approche déconcertante.
L’artiste a un regard singulier, à la fois endogène et exogène. Elle témoigne simultanément de son vécu familial en Tunisie et de son expérience de jeune fille allant à la rencontre du pays natal de son père.
À travers les oeuvres exposées, l’artiste, qui est née et formée à l’école des Beaux-arts en Finlande, parvient à restituer des situations, des personnages, des moments hilarants et des préparatifs intenses. Rien ne lui échappe et elle passe en revue dans un grand éclat de rire complice tout ce qui fait le particularisme de nos mariages. Pour réaliser cette exposition, il lui a fallu une année de visites de terrain, de recherche documentaire et de travail en atelier dans le cadre d’une résidence artistique à la Fondation Kamel Lazaar.
Plongée dans un univers festif
Sous le regard, les pinceaux et l’objectif de Dora Dalila Cheffi, tout renaît en images : le tapage des hauts-parleurs, les danses effrénées, les maquillages outranciers, les trônes démesurés des nouveaux mariés et aussi la joie contagieuse des familles.
L’exposition et les installations vidéos sont une véritable plongée dans un univers festif dont l’artiste cherche à saisir la théâtralité, les codes et l’esthétique.
Procédant à la manière d’une chroniqueuse qui s’empare de tranches de vie, Dora Dalila Cheffi croque un réel fabuleux et une galerie de personnages inséparables des rituels successifs du mariage à la tunisienne. Cela donne une exposition traversée d’éclats de vie, une exposition rutilante et profondément vraie.
En filigrane, l’artiste pose aussi beaucoup de questions qui nous interpellent. Elle le fait allusivement dans un tableau ou au détour du titre d’une œuvre. s’interrogeant ainsi sur la centralité du mariage dans les traditions tunisiennes, le vécu des mères célibataires ou le poids des familles. Elle le fait sans jamais forcer le trait, avec des clins d’œil et en peuplant ses tableaux de figures mythiques de l’imaginaire qui structure les noces.
Au cœur de la «zaza»
Lors du vernissage, une performance de Dora Dalila Cheffi et Rafram Haddad faisait revivre des rituels de mariage sous les yeux d’un public nombreux, jeune et bigarré. Et tout le monde se retrouvait dans cette «zaza», un terme qui s’impose devant l’ambiance de fête qui se superpose aux œuvres exposées. Ce mot qui peut être traduit par «fiesta» coule de source car, dans cette exposition, la fête est partout et c’est bien la fête qui est célébrée dans tout son relief, ses fringues kitsch et ses sonorités tonitruantes. C’est bien vrai qu’à leur manière, nos mariages sont des happenings et Dora Dalila Cheffi nous le suggère et démontre de manière magistrale.
Artiste tuniso-finlandaise, Dora Dalila a souvent exposé en Europe et en Tunisie où elle a présenté ses collections «Tunisian Sceneries» (2019) et «Bitter Oranges» (2020) et aussi participé à des expositions de groupe.
Développée avec le soutien de la Fondation Kamel Lazaar, l’exposition «Prestige» est sa première grande exposition personnelle en Tunisie et se poursuivra jusqu’au 17 juillet courant.
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