Safa Jouadi à Tozeur et Rym Amri à Sidi Bouzid ont le visage souriant de cette jeunesse tunisienne et africaine qui ose, entreprend et crée. Dans la difficulté certes, mais avec l’enthousiasme et le cœur qui déplacent les montagnes. Des success story, là où d’autres se lamentent, coupent des routes et affichent leur désespoir et leur résignation.
Marchant en silence dans le désert, Safa Jouadi va à la rencontre d’un monde infini, où changer de perspective redevient possible. Elle embrasse du regard les dunes de Tozeur, ville symbole du Grand Sud tunisien, aux portes du Sahara. Safa rêve simplement d’eau, une ressource rare dans un paysage à la beauté fascinante, qui rayonne en silence. Cette rareté, la jeune ingénieure en hydraulique a réussi à la capter pour permettre aux habitants de sa région d’y avoir accès, grâce à son savoir-faire.
Face à ces terres qui ont vu naître son aventure, elle se souvient de ses premiers pas, fruits, selon elle, d’un heureux hasard. «Tout a commencé quand une cliente, rencontrée par hasard, a sollicité mes conseils pour trouver de l’eau dans sa parcelle. Son mari avait commencé à creuser un puits mais s’était arrêté à mi-chemin, concluant qu’il ne donnerait absolument rien», se remémore Safa.
Le bouche-à-oreille le bonheur de Safa Jouadi
Après une série de calculs précis sur son ordinateur, elle a pu localiser la nappe phréatique. Le site qu’elle a identifié a donné de l’eau, en abondance et de qualité. «Depuis cette première mission réussie, le foreur recommande systématiquement à ses clients de me consulter avant de lancer les forages», sourit la jeune femme. Ainsi, petit à petit, le bouche-à-oreille a fait son chemin et Safa a commencé à décrocher des projets dans les régions voisines.
Safa fait partie des milliers d’entrepreneures bénéficiaires de Raeda, un programme national de promotion de l’entreprenariat féminin en Tunisie, piloté par le ministère de la Femme et soutenu par la Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec la Banque tunisienne de solidarité (BTS).
Safa Jouadi a réussi à concrétiser son projet sans avoir à quitter Tozeur, sa belle région natale. Elle poursuit aujourd’hui son parcours professionnel et compte faire davantage prospérer son activité : «J’aspire à développer mon projet. Je veux remporter des marchés publics et élargir mon offre de services en proposant de nouvelles prestations comme le carottage, entre autres», affirme-t-elle.
Rym Amri et l’or des produits parapharmaceutiques bio
L’ambition, c’est aussi le trait de caractère de Rym Amri. Après des études en biologie et plusieurs expériences dans des laboratoires à Tunis, elle revient en 2018 dans sa ville natale, Sidi Bouzid. Motivée également par l’ambition et la volonté de revenir aux côtés de sa maman, qui vit seule. «Compte tenu de mon expertise et du caractère agricole de ma région, mon idée initiale était de me lancer dans une activité d’extraction d’huiles essentielles. Mais en sondant un peu plus ce marché, j’ai changé d’avis, raconte la jeune biologiste. J’ai finalement décidé de combiner mon activité de produits bio avec de la parapharmacie et l’idée a été bien accueillie par les clients».
En 2018, Rym ouvre le tout premier magasin spécialisé dans la vente de produits parapharmaceutiques bio. Le succès n’a pas tardé et la jeune femme a vu la demande pour ses articles monter en flèche, notamment celle en provenance d’Algérie, pays voisin. Sidi Bouzid est en effet, située au centre-ouest de la Tunisie, frontalier de l’Algérie. «Aucun obstacle n’a pu me freiner. Au contraire, j’ai vu les portes s’ouvrir à moi petit à petit. Et avec la demande croissante venant de l’Algérie, j’ai l’intention, grâce au e-commerce, de m’ouvrir davantage au marché africain», s’enthousiasme Rym.
Des aventures des plus risquées et des plus audacieuses
Symboles d’une jeunesse tunisienne déterminée à réaliser ses rêves, Safa et Rym ne sont pas les seules jeunes femmes à avoir bénéficié du soutien du programme Raeda. Depuis son lancement, quelque 4 500 femmes, dont quasi 30% de diplômées du supérieur, ont pu lancer leur entreprise, créant plus de 7 000 nouveaux emplois. Au total, une enveloppe de 40 millions de dinars tunisiens a bénéficié à de nombreuses jeunes femmes de différents horizons et dans plusieurs secteurs. Raeda couvre notamment l’agriculture, l’artisanat et les services, en particulier dans l’ouest et le sud du pays.
Lancer son entreprise est sans doute l’une des aventures les plus risquées et les plus audacieuses. Mais, avec de la volonté, on peut aller loin. Safa et Rym l’ont démontré. Elles sont aujourd’hui les visages de cette jeunesse africaine qui ose, entreprend et crée. Une jeunesse au cœur des priorités de la BAD qui, chaque jour, agit pour faire de l’Afrique une terre de progrès et d’innovation.
Illustration : Safa Jouadi et Rym Amri sont à gauche de la photo.
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