La Sebkha Séjoumi, principale zone humide d’importance internationale à Tunis, fait face, actuellement, à plusieurs menaces. C’est ce qui ressort de la visite de sensibilisation organisée mercredi 25 mai 2022, par le bureau de Tunis du Fonds mondial pour la nature (WWF) et l’Association des amis des oiseaux (AAO), à l’occasion de la Journée mondiale de la biodiversité, célébrée le 22 mai de chaque année.
La superficie de cette sebkha, qui occupe la 4e position parmi les sites les plus importants pour les oiseaux d’eau hivernants en Afrique du Nord, s’est rétrécie à partir de 2009, de 3500 ha à 2600 hectares actuellement, en raison du remblayage anarchique et de la construction de la route périphérique menant à la sortie sud de la capitale, a indiqué Hédi Aissa, président de l’AAO.
Le site souffre, également, de plusieurs atteintes qui mettent en danger sa spécificité, dont l’extension urbaine, et de pas moins de 49 points de déversement anarchique d’eaux usées. Sa zone agricole, qui abrite notamment des oliveries, est menacée de disparition, affirme Hichem Ben Brahim, agriculteur à Séjoumi.
Rétrécissement progressif du périmètre agricole
«La municipalité de Séjoumi avait procédé lors d’une réunion de son conseil, le 20 juin 2020 (en pleine crise de Covid-19), à un changement de son plan d’aménagement et par conséquent de la vocation agricole des terrains proches de la sebkha. Dans la nouvelle carte agricole, les périmètres irrigués réalisés sur nos terres disparaissent au profit d’autres projets», raconte ce jeune agriculteur aux journalistes invités à cette journée.
La disparition de ces terres agricoles met en danger tout le site, étant donné que l’accès au lac devient plus facile, ouvrant la porte à différentes atteintes, indique à l’agence Tap, Imen Laabidi, chargée de projet à l’AAO.
Ces terres servent de sources d’alimentation et d’abri pour les oiseaux. L’agriculture dans cette zone est ancienne, qui fait partie de notre patrimoine, ajoute-t-elle, faisant remarquer que les exploitations agricoles du site font partie d’un circuit agrotouristique en cours de préparation. Ce circuit comprend outre l’Observatoire ornithologique de Séjoumi, la visite d’un atelier d’artisanes à Mellassine.
Des espèces d’oiseaux menacées de disparition
La Tunisie a choisi délibérément, de classer Sebkha Séjoumi, site Ramsar depuis 2007, rappelle Hichem Azafzaf, coordinateur du Programme scientifique de l’AAO, mettant l’accent sur l’importance de ce site pour la diversité biologique (ZCB), non seulement pour le pays mais également, pour toute la région de l’Afrique du nord. Le nombre d’oiseaux d’eau y hivernant a atteint 126 000 spécimens en 2021, mais a baissé à 86 000 en 2022, dont certains appartiennent à des espèces rares.
Parmi les espèces menacées de disparition figurent l’érismature à tête blanche et la sarcelle marbrée.
Une importante concentration de cigognes a été, par ailleurs, observée par les journalistes présents lors de la visite effectuée à l’Observatoire ornithologique de Séjoumi.
D’après Tap.
Donnez votre avis