La fermeture de la frontière à l’intérieur de l’Irlande exigée par le Brexit réveille les mouvements nationalistes républicains radicaux dans le champ politique irlandais qui semblaient avoir disparu depuis les années 90.
Par Dr Mounir Hanablia *
En Irlande, l’arrivée du président Bill Clinton dans les années 90 à la tête des Etats-Unis d’Amérique et les efforts de milieux d’affaires irlandais américains ont réussi à assurer le consensus politique nécessaire à la réalisation des accords dits du Good Friday entre les communautés de l’Irlande du Nord (l’Uster) avec la collaboration des gouvernements britannique et de la république d’Irlande, mettant fin à plusieurs décennies de terrorisme et de répression.
La résurgence des mouvements nationalistes radicaux
En fait, c’est l’ouverture de la frontière entre les deux Irlande dans le cadre de l’Union Européenne et la libre circulation des biens et des personnes qui a le plus contribué au maintien de la paix et à la prospérité.
Aujourd’hui, après le Brexit, la frontière se referme de nouveau, une solution provisoire renvoie la frontière douanière européenne en mer d’Irlande et les efforts de Boris Johnson pour y mettre fin ont contribué à sa chute.
Fait significatif, le Sinn Fein le vieux parti de la communauté catholique avait pour la première fois remporté les élections en Irlande du Nord. Mais effectivement la perspective de la réinstauration de la frontière Irlandaise entre la République d’Irlande et l’Ulster britannique suscite déjà une résurgence des mouvements nationalistes républicains radicaux dans le champ politique qui semblaient avoir disparu depuis les années 90.
Beaucoup se considérant comme socialistes ou comme l’Armée Républicaine Irlandaise (IRA) officielle ou nouvelle font une relecture sans doute opportuniste des évènements et accusent l’IRA provisoire (les provos) d’avoir trahi la cause irlandaise en cautionnant la politique du Sinn Fein conduisant aux accords du Good Friday.
Le réveil des vieux démons de la guerre civile
Quelles que soient les divergences qui les traversent, et qui sont beaucoup plus personnelles que doctrinales, à l’instar de celle qui avait opposé Sam Collins à Eon de Valera il y a un siècle qui avait conduit à la guerre civile, les nouveaux partis républicains irlandais ont tous en commun de tenter de mobiliser la population contre les anciens partis ayant signé les accords de paix, de disposer d’organisations clandestines, et de vouloir réunifier politiquement l’ensemble de l’île sous l’autorité de Dublin, au besoin par le recours à la violence.
C’est ainsi que la fermeture de la frontière à l’intérieur de l’Irlande exigée par le Brexit suscite des interrogations autant au sein des loyalistes protestants nord irlandais peu désireux de subir de nouveau la guerre, que des Irlandais catholiques qui ne sont pas prêts à voir la prospérité de leur communauté remise en cause par la politique décidée à Londres.
* Médecin de pratique libre
«Unfinished business: The politics of ‘dissident’ Irish republicanism», de Marisa McGlinchey, Manchester University Press, 17 janvier 2019, 256 pages.
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