La Russie, un réservoir important pour le tourisme tunisien

Les Russes seraient contents de passer des vacances en Tunisie sous le soleil, au moment où chez eux il fait très froid. Encore faut-il aller les chercher avec des offres étudiées et alléchantes. (Illustration : les touristes russes ont beaucoup manqué cette année aux hôteliers tunisiens).

Par Habib Glenza *

Les Occidentaux ont découvert par quoi les Russes ont remplacé les voyages à l’étranger et ont été surpris que leurs sanctions ont fait du bien au pays de Vladimir Poutine en stimulant son tourisme intérieur.

Les sanctions économiques décidées au lendemain du déclenchement de la guerre russe en Ukraine ont en effet contribué au développement du tourisme intérieur en Russie, contrairement aux attentes des pays occidentaux, notamment européens qui, sous le diktat des Etats-Unis, remuent ciel et terre pour ne pas accorder de visas au touristes russes. Cela n’a malheureusement pas été dans l’intérêt de l’Europe, qui se soumet trop aux diktats des Etats-Unis, accélérant ainsi son déclin, mais c’est là c’est un autre problème d’ordre géopolitique.

La Russie a montré qu’à chaque crise, il y a une solution. Et j’espère que les responsables du tourisme tunisien saisiront le message russe pour trouver une solution qui sortira leur secteur touristique de la crise où il se morfond depuis des années. Je suis persudé que nous en avons les moyens et il suffit d’enb avoir aussi la volonté.

125.000 lits touristiques restent inoccupés

En effet, la Tunisie dispose d’une capacité d’hébergement de plus de 250.000 lits permettant d’accueillir annuellement plus de 20 millions de touristes, malheureusement le coefficient annuel moyen de remplissage des hôtels n’atteint guère les 50%! Ce qui signifie qu’en moyenne 125.000 lits restent inoccupés, notamment pendant la basse et la moyenne saison. Il faut redresser ce coefficient si l’on compte sérieusement rentabiliser notre infrastructure touristique. Cela signifie, entre autres, que nous devons dynamiser le tourisme saharien. Les Russes seraient contents de passer des vacances en Tunisie sous le soleil, au moment où chez eux il fait très froid.

Pour faire face à la crise que nous traversons actuellement, pourquoi n’allons-nous pas chercher ces touristes russes dont certains connaissent bien la Tunisie ? A titre de rappel, les touristes russes ont sauvé les saisons touristiques 2016 et 2017. Ainsi, depuis le début de 2016, plus de 350.000 Russes ont pris leurs vacances en Tunisie. Ce chiffre a doublé en 2017. Il suffit simplement de dynamiser nos rapports politiques avec le pays de Poutine et nous pourrions accueillir bientôt plus de 3 millions de touristes russes annuellement. Nous pourrions aussi impulser nos relations commerciales avec un pays qui produit des céréales, des métaux, des engrais, des aliments pour animaux que nous importons, et qui pourrait à son tour importer de chez nous certains produits agroalimentaires ou manufacturiers. Ce qui ferait tourner une économie tunisienne en panne. 

Tirer la politique étrangère de sa léthargie

Le problème de notre pays est que sa politique étrangère est dans une léthargie profonde. Les relations privilégiées avec l’Algérie ne suffisent pas pour nous sortir de la crise, d’autant plus que les résultats de nos échanges avec l’Union européenne (UE) stagnent dangereusement et ne répondent plus vraiment à nos intérêts. Il faut donc regarder davantage vers l’Afrique et se tourner vers les Brics pour impulser de nouvelles dynamiques qui feraient retrouver à notre tourisme sa rentabilité d’antan.

Le rôle de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) et de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) consisterait alors à jeter des passerelles entre l’Etat tunisien et certain pays cités afin de relancer le secteur touristique qui a coûté une fortune à la communauté nationale et éviter son effondrement.

Je terminerai ce billet en insistant sur la nécessité de collaborer, surtout pour les vols charters, avec la Turkish Airlines, le transporteur aérien turc, qui dispose de beaucoup de moyens dans ce domaine et est bien déployé en Russie et en Europe de l’est.

* Conseiller à l’exportation agréé par le ministère tunisien du Commerce.

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