C’est à cela qu’on reconnaît un Etat failli : il cherche à tout mettre sous sa coupe alors qu’en réalité il ne contrôle rien et gère tout très mal, à l’image de la Tunisie sous le règne de Kaïs Saïed, un président qui accapare tous les pouvoirs… pour finalement ne rien en faire. La situation kafkaïenne où se trouve actuellement Tunisair est une bonne illustration de ce cocktail destructeur d’ignorance, d’incompétence et de mal-gouvernance crasse.
Par Imed Bahri
Que se passe-t-il au sein de la compagnie aérienne nationale que l’ont dit au bord de la faillite depuis plusieurs années et qui, malgré le monopole du ciel tunisien dont elle bénéficie indument, ne parvient pas à se restructurer, à améliorer sa gestion, à assainir ses finances et à repartir de bon pied ?
Tunisair a fait savoir dans un communiqué publié hier soir vendredi 30 septembre 2022, que les soldes financiers de ses comptes lui permettent d’honorer ses engagements envers tous ses fournisseurs et clients aux échéances convenues et de payer les salaires dans leurs délais. Ah bon, et depuis quand ? On ne le savait pas…
Saisies conservatoires sur des comptes bancaires
Le communiqué de la compagnie intervient suite à la publication, le même jour, par certains médias d’une note interne concernant des saisies conservatoires effectuées sur les comptes bancaires de la compagnie auprès des banques tunisiennes.
La compagnie a expliqué que la publication de cette note interne intervient en réponse aux saisies conservatoires effectuées sur ses comptes par nombre de ses salariés retraités ou encore actifs, durant la période du versement des salaires de septembre 2022, indiquant que les salaires de ce mois ont été versés dans les délais malgré cet incident.
Tunisair a cependant indiqué que les saisies en question pourraient entraver provisoirement la gestion des comptes concernés notamment durant les périodes de versement des salaires étant donné la longueur des procédures légales de levée de ces saisies.
Et d’affirmer que ces conflits professionnels internes ne pourraient pas occulter l’attachement de la compagnie à poursuivre les efforts visant à maintenir l’évolution de son activité commerciale amorcée depuis le début de l’année, invitant les salariés à éviter ces pratiques et à soutenir leur compagnie pour préserver sa réputation et sa pérennité.
Soustraire la compagnie à la mauvaise gouvernance publique
Si on a donc bien compris ces circonvolutions de langage et ces acrobaties de style pour dire une chose et exactement son contraire en donnant l’impression de dire autre chose : en deux mots, la situation financière de la compagnie aérienne nationale, qui survit difficilement et artificiellement grâce à l’argent pompé aux contribuables, est dans un piteux état au point qu’un litige avec une poignée de ses salariés la fait tressaillir sur ses bases. N’est-ce pas honteux, en effet, pour une compagnie aérienne nationale d’affirmer qu’elle a subi des saisies conservatoires sur ses comptes bancaires pour n’avoir pas honoré ses engagements envers quelques un de ses salariés ?
Voilà la vérité que les autorités publiques cherchent à masquer par une communication de crise, haletante et dépassée, qui cherche à chaque fois à colmater les brèches et à rattraper le coup, en attendant le coup d’après, alors qu’il aurait été plus judicieux et plus honnête de dire la vérité aux contribuables et de prendre les décisions qui s’imposent et qui aurait dû être prises depuis plusieurs années déjà pour sauver l’entreprise, la remettre entre des mains plus sûres et, surtout, la soustraire définitivement à la mauvaise gouvernance qui caractérise les autorités publiques.
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