La diplomatie tunisienne à l’épreuve du Sommet de la Francophonie

Alors que la date de la tenue du 18e Sommet de la Francophonie approche (Djerba les 19 et 20 novembre 2022), il ne nous reste plus qu’à espérer que tout se passera sans impairs ni incidents majeurs et que le débat politique sur l’état de la démocratie dans les pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et le pays hôte en particulier ne suscitera pas une controverse trop aiguë et trop préjudiciable à l’image internationale de la Tunisie au moment où elle a le plus besoin de la sympathie et du soutien des institutions internationales et de ses partenaires étrangers.

Par Elyes Kasri *

Dans tous les cas, il sera vital de procéder à l’issue du Sommet de la Francophonie à une réévaluation en profondeur de la place de la Tunisie sur la scène internationale et de son interaction avec les différents acteurs et centres d’influence dans le monde. Cela nécessitera l’ouverture d’un débat serein et sans arrière pensées politiciennes sur l’état de la diplomatie tunisienne depuis 2011 et surtout sous le règne du président Kaïs Saïed et de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, qui semble recueillir un consensus au sujet son inadéquation avec le rôle que lui confère la conjoncture tant au niveau de la formulation que de la mise en œuvre de la diplomatie tunisienne (évidemment en éclairant le président de la république et sous sa direction) et en gérant d’une manière optimale l’appareil diplomatique tunisien aussi bien à l’administration centrale que dans les postes diplomatiques et consulaires ainsi que les missions permanentes à l’étranger.

Une Tunisie de plus en plus marginalisée

L’impression générale est très réservée et chez certains franchement négative avec un sentiment de préjudice grave aussi bien à ce département qui a été jadis un motif de fierté pour la Tunisie et un vivier de compétences d’un patriotisme et d’un professionnalisme remarquables qu’à l’image et aux intérêts de la Tunisie sur la scène internationale.

La perception de contre-performances concerne tant la présidence tunisienne de la Ligue des Etats arabes, sa participation aux délibérations du Conseil de Sécurité de l’Onu en tant que membre non-permanent que du sommet de la 8e Ticad en attendant le déroulement du Sommet de la Francophonie.

A tout cela s’ajoute l’impression de tension avec les Etats-Unis d’Amérique, dans le dialogue et la coopération avec l’Europe et la marginalisation de la Tunisie dans l’apaisement de la tension dans son voisinage maghrébin et au sujet du dossier vital de la Libye.

Une diplomatie tunisienne à réorganiser d’urgence

A cela s’ajoute le vide à la tête de vingt et une ambassades dont des postes importants comme l’Allemagne et la Chine qui sont sans titulaire depuis plus d’un an. En plus, et en pleine crise migratoire et de la montée de l’extrême droite en Italie, notre ambassade et nos consulats dans ce pays voisin et important partenaire sont sans titulaire.

Tout cela dessert les intérêts de la Tunisie et des Tunisiens à l’étranger et nécessite une réévaluation en profondeur en vue d’une nouvelle approche de communication et d’action sur la scène internationale.

Une réorganisation de la diplomatie tunisienne est devenue urgente et même vitale.

Le statu quo et les vieilles reliques et pratiques de la Troïka (ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti Ennahdha, Ndlr) de triste mémoire sont devenus un grave danger pour la Tunisie dans la conjoncture actuelle et surtout au cours des prochains mois.

* Ancien ambassadeur.

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