Poète voyageur, de la Russie aux Amériques, en passant par l’Afrique, Blaise Cendras relate la beauté du monde et l’aventure humaine comme un découvreur, rejetant les attaches et l’immobilité.
Né en 1887, Cendrars est Suisse, naturalisé Français en 1916, suite à son engagement dans la guerre où il perd un bras.
Se définissant comme un bourlingueur, il s’installe pleinement dans la modernité, entre poésie et narration. Et s’exerce à différents métiers dont le journalisme comme reporter. Il écrit des romans, pour la plupart, autobiographiques.
Il décède à Paris en 1961.
Publications : Les pâques à New York, 1919, L’Or (roman) 1925 ; Poésies complètes, Denoël, 1947; Le Transsibérien, Seghers, 1957; Poésies complètes, Gallimard, 2006.
Tahar Bekri
Il n’y a pas de hautes herbes le long des rives
De grandes étendues de terres basses se perdent au loin
Des îles affleurent la surface de l’eau
De grands crocos se chauffent au soleil
Des milliers d’oiseau couvrent les bancs de sable ou de boue
Le pays se modifie
Il y a maintenant une brousse assez claire parsemée d’arbres rachitiques
Il y a de petits oiseaux ravissants de couleur et des bandes de pintades
Le soir à plusieurs reprises on entend rugir un lion dont aperçoit la silhouette sur la rive ouest
J’ai tué ce matin un grand varan d’un mètre et demi
Toujours le même paysage de plaines inondées
Le pilote arabe a aperçu des éléphants
L’intérêt est grand
Tout le monde monte sur le pont supérieur
Pour chacun de nous c’est la première fois que va se montrer l’empereur des animaux
Les éléphants sont à trois cents mètres environ on en voit deux gros un moyen trois ou quatre petits
Pendant le déjeuner on signale dix grosses têtes d’hippos qui nagent devant nous
Vers 14 heures il y a régulièrement de 33 à 380
Le vêtement est costume kaki bonnes chaussures guêtres et pas de chemise
On hait honneur à la bonne cuisine et aux bouteilles de Turin brun
Le soir on aoute seulement un costume de table un veston blanc
Milans et vautours passent en nous frôlant de l’aile
Après le dîner le bateau va se placer au milieu du fleuve pour éviter autant que
possible les moustiques
Les rives se déroulent couvertes de papyrus et d’euphorbes géants
Le voyage est lent en suivant les méandres du fleuve
On voit beaucoup d’antilopes et de gazelles peu sauvages
Puis un vieux buffle mais pas de rhinocéros
* Bahr El-Zeraf signifie en arabe «Rivière des girafes», sous-affluent du Nil Blanc, Sud du Soudan. (NT)
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