Les informations en provenance de Washington, où se joue l’avenir immédiat des finances publiques en Tunisie, sont pour le moins inquiétantes. Il devient urgent de faire un constat sobre et réaliste de l’échec de la communication internationale de la Tunisie ainsi que de l’inefficacité de sa diplomatie au cours des dernières années.
Par Elyes Kasri *
Des échos inquiétants semblent provenir de la capitale américaine tant au niveau de la qualité et de la substance des entretiens du président Kaïs Saïed avec les dirigeants et faiseurs d’opinion américains, et dans le cas d’espèce leur absence, ainsi que le retrait par le Fonds monétaire international (FMI) du programme de son conseil d’administration de l’étude de la facilité de prêt à la Tunisie prévue pour le 19 décembre et son report à une date indéterminée, compromettant ainsi, selon toute vraisemblance, le schéma de financement de la loi de finance 2023, qui tarde inexplicablement encore à être publiée sur le Journal officiel de la république tunisienne (Jort).
Griefs et raidissement
Si la visite à la puissante institution du Congrès américain s’est limitée à la librairie sans prendre la peine d’avoir des séances de travail avec les dirigeants des puissantes commissions des affaires étrangères, des appropriations et des forces armées entre autres, la séance de travail avec le secrétaire d’Etat Antony Blinken, outre l’absence de parallélisme, semble avoir été l’occasion du rappel des griefs américains envers le programme politique et le style de direction du président Kaïs Saïed.
Outre l’absence d’opérateurs économiques tunisiens au volet économique du sommet, les premiers responsables de la Banque Mondiale et du FMI ne semblent pas figurer au programme de la visite présidentielle.
Par ailleurs, la communauté tunisienne dont des compétences au sein des institutions financières, importantes pour la Tunisie, ne semble pas avoir la chance de rencontrer son président à Washington.
Les premiers indices de la visite semblent indiquer l’absence de stratégie et de plan de communication ainsi que la polarisation de la participation tunisienne au sommet Etats-Unis-Afrique (13-15 décembre) qui se voulait économique sous le thème de «La sécurité et la résilience alimentaires», autour de la personne du président Kaïs Saïed avec des ondes apparemment perçues comme négatives par la classe dirigeante américaine.
Echec sur toute la ligne
La volte-face du FMI pendant la visite du président Kaïs Saïed à Washington semble être l’un des premiers résultats de cette visite en attendant peut être d’autres de la part de l’administration et du congrès américains qui commencent à avoir de la peine à enrober leur frustration à l’égard de la tournure des événements et du processus démocratique en Tunisie avec des formules diplomatiques et quelques mises en garde et coupes touchant l’assistance économique et militaire.
Tout en espérant un rebondissement et un retournement de situation favorable avant la clôture du sommet de Washington, il devient urgent de faire un constat sobre et réaliste de l’échec de la communication internationale de la Tunisie ainsi que de l’inefficacité de la diplomatie tunisienne au cours des dernières années.
Ancien diplomate.
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