Mémoire : Charles Nicolle, grand médecin français de Tunis

«Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine», écrivait, en 1926, Charles Nicolle (1866-1936), médecin français qui a passé l’essentiel de sa carrière en Tunisie, où l’un des grands hôpitaux de Tunis porte encore son nom.

Par Abdellaziz Guesmi *  

Charles-Jules-Henri Nicolle est né à Rouen le 21 septembre 1866.  Il est mort et enterré à l’Institut Pasteur de Tunis, le 28 février 1936. Sur sa tombe, on peut voir deux rameaux entrelacés, pommier et olivier, symboles de la Normandie et de la Tunisie. L’ancien Hôpital civil français de Tunis, fondé le 9 juin 1897, porte son nom depuis 1946, et en 1953, l’Hôpital général de Rouen décide également, en reconnaissance de ses travaux, de prendre son nom.

En 1928, Charles Nicolle reçoit le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le typhus. Il a notamment découvert le rôle du pou dans la transmission de l’infection chez l’homme.

Les années tunisiennes

Arrivé en Afrique du Nord en 1903, à un moment propice où le rôle pathogène des agents infectieux est de mieux en mieux cerné. Et il se retrouve confronté, dans ce lieu d’échanges entre populations, à de nombreuses maladies africaines peu étudiées en Europe. 

A l’Institut Pasteur de Tunis, qu’il dirigera jusqu’à sa mort en février 1936, il mène des recherches sur diverses maladies infectieuses. Il s’intéresse au typhus alors endémique en Tunisie. Mais simultanément ou presque, d’autres maladies attirent son attention : le paludisme, la leishmaniose, le kala-azar infantile et le bouton d’Orient, la fièvre de Malte (aujourd’hui appelée brucellose), la lèpre, le trachome, un peu plus tard la fièvre récurrente.

En 1909, Nicolle annonce qu’il a prouvé la responsabilité du pou comme intermédiaire dans la transmission d’homme à homme du typhus exanthématique. Il déduit aussitôt les conséquences prophylactiques et veillera à leur mise en œuvre rapide et énergique, ce qui permettra notamment d’éviter le drame qu’aurait pu être l’importation du typhus sur le front français de la Première guerre mondiale (1914-1918).

En 1919, lorsqu’apparaissent les premiers cas de pandémie grippale en Tunisie,  Nicolle démontre que l’agent de cette maladie est un virus filtrant. À la même époque, il met au point les premiers traitements par sérum (typhus puis rougeole).

* Proviseur à Grenoble.

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