Dans l’entretien ci-dessous accordé à l’agence Tap, le PDG de l’Office du commerce de Tunisie (OCT) Elyes Ben Ameur n’explique pas pourquoi cette institution publique continue de perdre de l’argent et d’accumuler les déficits, tout en s’entêtant à garder le monopole de l’importation de certains produits de base, comme le café et le sucre.
L’Office du commerce de Tunisie (OCT), qui a la mission d’approvisionner le marché en produits de base (sucre, café, thé et riz) reprendra, à partir de mois de mars 2023, son rythme normal en matière de constitution de stock stratégique, soit un stock de 60 jours pour le sucre et le café, a indiqué le PDG de l’OCT, Elyes Ben Ameur dans un entretien accordé à la Tap.
Depuis le mois de septembre 2021, le marché local enregistre une perturbation dans l’approvisionnement de ces deux produits de première nécessité, qui a créé une pénurie provoquant une frénésie auprès des consommateurs.
«Cette perturbation observée après le mois de septembre 2021 est expliquée par la baisse du stock stratégique de l’OCT en ces deux produits alimentaires de base, lequel est devenu d’un mois seulement, et qui était de 60 jours auparavant», a-t-il expliqué.
A cet égard, le responsable a précisé que la baisse du stock stratégique de l’office en ces produits est due à ses pertes cumulées et sa situation financière difficile, suite à la flambée des prix à l’international du sucre et du café, durant la période post-Covid-19 et la guerre déclenchée en Ukraine, à la dépréciation du dinar face au dollar, auxquelles s’ajoutent la hausse du coût de fret et des difficultés logistiques.
S’agissant du sucre, l’OCT subit une perte de 0,600 dinar/kg par rapport à une consommation de 1000 tonnes par jour. En moyenne, le coût d’achat est de l’ordre de 2,100 dinars le kg, contre un prix de vente aux grossistes et aux industriels de 1,400 dinar/kg.
«Aujourd’hui, les quantités en sucre sont disponibles et l’OCT assure l’approvisionnement du marché à un rythme normal, avec une quantité oscillant entre 1100 tonnes et 1200 tonnes, par rapport à une moyenne de consommation de 1000 tonnes par jour (360 000 tonnes par an)», a avancé Ben Ameur, estimant même une hausse de ces quantités allant jusqu’à 20%.
L’OCT dispose d’un stock de 30 000 tonnes qui suffit pour un mois et plus, compte non tenu des achats déjà réalisés et réglés, lesquels seront réceptionnés vers le 15 février 2023, soit 25 000 tonnes provenant de l’Algérie, et 30 000 de l’Inde.
En outre, l’OCT a réalisé des achats de l’ordre de 30 000 tonnes en sucre roux destiné à la Société tunisienne du sucre (STS), spécialisée dans le raffinage de ce produit.
A cet égard, le responsable a précisé que la STS qui satisfait les besoins de consommation en sucre blanc à hauteur de 160 000 tonnes par an, effectue chaque année deux arrêts techniques (entre 3 et 4 mois), période durant laquelle l’OCT double son approvisionnement pour combler les besoins durant cette période, lesquels sont estimés à 200 000 tonnes.
Ben Ameur a rappelé que l’OCT programme ses importations en sucre blanc selon cette capacité de production de la STS (160 000 tonnes en sucre blanc), soulignant que la priorité est accordée à cette usine, tenant compte de sa capacité d’emploi dans la région de Béja et de son engagement écrit conclu avec la STS pour lui fournir la matière première en sucre roux.
En ce qui concerne l’approvisionnement normal en café, il sera repris durant la moitié de février, rappelant que l’OCT assure actuellement 70% des besoins du marché, soit une régression de l’offre de 30%, et ce par rapport à une consommation quotidienne de 100 tonnes par jour.
Il a ajouté que des autorisations à l’importation du café ont été accordées au secteur privé, pour 3000 tonnes, en vue de combler cette pénurie.
D’ici la moitié de mars, les quantités en café seront fournies de manière normale, rappelant que la perte de l’OCT en ce produit est de 3 dinars par kilos, étant donné que le coût d’achat d’un kg en café est de 10 dinars contre un prix de vente à 7,5 dinars/kg.
Pour Ameur, cet équilibre entre l’offre et la demande ne sera ressentie par les consommateurs qu’après une abondance de l’offre.
Il a estimé que l’OCT reprendra sa situation financière équilibrée enregistrée durant les années 2018, 2019 et 2020, notamment après la baisse des prix du sucre et du café constatée à l’échelle internationale, rappelant que durant les 18 derniers mois, le coût d’importation subi par l’OCT et qui provient essentiellement de l’importation du sucre et du café (85%), est de 1,6 milliard de dinars.
Durant cette période, l’OCT a couvert ses importations à hauteur de 70% par ses ressources propres (1,2 milliard de dinars), et le reste (0,4 milliard de dinars), par des crédits bancaires et de la subvention.
D’après Tap.
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