L’absence d’accord de financement entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) et le manque de financements extérieurs placent le pays dans une situation de «défaut souverain» et pourraient coûter entre 4,1 et 7,6 milliards de dollars au système bancaire tunisien, soit entre 8% et 14,8% du PIB nominal fin 2023, selon le scénario le plus extrême de l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P).
Rappelons, à ce propos, que La notation souveraine de la Tunisie par l’agence S&P a été retirée en 2013 par la BCT.
Dans un rapport rendu public lundi 20 février 2023, l’agence de notation américaine a présenté trois scénarios hypothétiques allant du «faible stress» au «stress sévère» et sur la base d’enquêtes auprès des investisseurs, l’agence a passé en revue les impacts financiers et économiques potentiels sur le secteur bancaire, qui fait face à un environnement «ambigu».
L’agence a également indiqué dans son rapport les impacts de la pandémie de Covid-19 sur le pays et les moyens que la Tunisie pourrait utiliser pour financer ses déficits jumeaux et faire face aux risques menaçant le système bancaire.
Trois scénarios
En scénario de «stress sévère», S&P estime que le pays risque de faire défaut à ses obligations financières s’il ne parvient pas à signer un accord avec le FMI et à obtenir d’autres soutiens bilatéraux, notamment des pays du Golfe, ce qui détériorerait la balance des paiements et les finances publiques. Cette situation se traduirait également par une «forte» dépréciation du dinar tunisien et une «hausse substantielle» de l’inflation et pousserait les banques à subir de «lourdes pertes» et augmenterait leur besoin de recapitalisation.
Dans le cas du scénario «low stress» le plus optimiste, l’agence de notation américaine estime qu’un accord avec le FMI serait signé d’ici la fin du premier trimestre 2023 et que la mise en place des réformes rétablirait «progressivement» la confiance en la Tunisie et stimuler les investissements du secteur privé.
Les finances publiques et extérieures devraient retrouver une trajectoire «soutenable». Les banques locales pourraient commencer à mettre en œuvre les réformes pilotées par la Banque centrale de Tunisie (BCT) même si le coût du risque bancaire devrait rester élevé mais, sur une tendance baissière par rapport à 2020/2021, précise l’agence.
Cependant, deux sources principales, externe et interne, restent valables pour ce scénario. Il s’agit d’un risque externe plus important de ralentissement en Europe et de hausse des prix des matières premières et de risques internes d’instabilité politique ou d’opposition majeure aux réformes.
Concernant le troisième scénario de «stress modéré», Standard & Poor’s suppose que l’absence de mise en œuvre des réformes empêcherait le pays de mobiliser les ressources nécessaires au financement de son budget, ce qui aura des impacts sur le soutien bilatéral et multilatéral.
Les limites du marché local
Sans soutien extérieur, le gouvernement serait contraint de s’appuyer sur le marché local pour tenter de mobiliser des ressources auprès des banques ou d’autres entreprises du secteur public disposant de liquidités suffisantes. Cela pourrait exacerber la pression sur les banques et éroder la rentabilité, a déclaré l’agence.
Au 9 février, le volume total de refinancement du système bancaire auprès de la BCT a atteint 14,5 milliards de dinars.
Selon la loi de finances de 2023, la Tunisie doit mobiliser 14,8 milliards de dinars d’emprunts extérieurs.
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