Le poème du dimanche : ‘‘L’Afrique et la danse du volcan’’ de Mustapha Habib Bahri

Né en 1932, aux îles de Kerkennah, au large de Sfax, dans le sud-est tunisien, le poète Mustapha Habib Bahri est une voix rare et méconnue. Son œuvre, frappée du sceau du nationaliste des premières années des indépendances africaines et arabes, mérite d’être connue des générations actuelles.    

Mustapha Habib Bahri a fait ses études à la Zitouna, puis à Bagdad (1953-1955) et au Caire (1955-1959). Il devient enseignant d’arabe à Sfax.

Marqué par le nationalisme arabe, il publie dans la revue Al-Fikr de nombreux poèmes engagés dans la libération du Monde arabe, de l’Afrique et des peuples opprimés, en général. Soutient la Révolution algérienne. Sa poésie est restée métrique, cependant, avec des ambitions modernistes, comme celle de son intérêt à Aboulkacem Chebbi.

Il décède en 1990, en laissant trois recueils et un essai.

Des titres (en arabe) : La révolte des esclaves, 1955; L’Aurès, 1957; Chebbi, le prophète inconnu, 1960;  La danse du volcan, 1982. 

Tahar Bekri

Notre ciel est sang

Notre terre est bouche

Et toi ô Afrique  notre ciel et terre

De toi s’exhale la musique

Ta grandiose genèse est lueur

Bienvenue à ton enfant de lumière

Luttant contre les flots

Donnant naissance au matin

Il apparaît derrière le feu des blessures et du sang

Source lumineuse de mille soleils et lunes

Fontaine de martyrs

Et cours du destin

***

Afrique, bienvenue à ton enfant naissant

Bienvenue aux vents qui soufflent sur la terre

Au tonnerre qui trace ses lignes sur ton horizon

Les malheurs n’ébranleront pas ceux qui on vécu

La splendeur des blessures

Qui attendent le matin

Et toi secouée toujours par l’accouchement

Tu saignes encore…

Tu souffres encore…

Les serpents te volent encore tout ce qu’ils veulent

Et danse le volcan !

C’est toi qui danses ô Afrique dans le volcan

Quand danse la musique

Ton enfant l’Humain

Tresse la vie dans les déserts inconnus

Embaume l’espace

Le fleuve ne dessèchera pas dans ses mains

Les barrages n’empêcheront pas sa marche

Il déborde de vie et d’éternité

Pour notre terre féconde

***

Ô Afrique rivage du martyr sans limites

Ô combien la fidélité est sacrée

Tu fais de sang et de blessures

Ton homme de lumière

Tu fais de sang et de blessures

Le nouveau destin

Comme la moisson est merveilleuse !

Avec les étoiles en fête sur ses rives

Et la renaissance souriante sur ses vagues

Pour ton enfant naissant

Pour celui qui souffle la vie et l’éternité

Dans les déserts inexplorés

(Traduit de l’arabe par Othmen Ben Taleb, revu par Tahar Bekri)

Raqsat al-burkan (Danse du volcan), Imprimerie Al-Hayat, Bizerte, 1982. Florilège, Tome 1, anthologie, Ed. Union des Ecrivains Tunisiens, 2003. 

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