Quand les PME tunisiennes actives dans le domaine de l’intégration des réseaux de télécommunications sont lésées par l’administration. Au moment où des PME ferment leurs portes les unes après les autres en raison de la crise sévissant dans le pays.
Par Taoufik Halila *
Dans le cadre de la réalisation du programme GovTech – Transformation numérique pour les services publics orientés usagers, le ministère des Technologies de la communication a lancé un appel d’offres au profit du ministère de l’Education et ce pour l’acquisition des équipements et mise en place d’un réseau LAN/WLAN au profit de 1613 établissements scolaires répartis sur 4 lots (dans 8 gouvernorats) et dont la date de soumission était le 28 avril 2023 puis elle a été reportée pour le 16 mai 2023.
Ce projet, suivant nos données, est financé à travers un crédit de la Banque mondiale signé avec la Tunisie en 2020.
Conditions exorbitantes exigées des soumissionnaires
L’étude approfondie du cahier des charges de cet appel d’offres nous oblige à attirer l’attention des responsables de l’exécution du programme GovTech sur les conditions exorbitantes exigées des soumissionnaires pour pouvoir y participer dont nous citons en particulier ce qui suit :
- le soumissionnaire (entreprise ou groupement d’entreprises) devrait avoir pendant les 6 dernières années réalisé un minimum de chiffre d’affaires annuel moyen de 7 400 000 DT;
- il doit démontrer qu’il a conclu avec succès au moins deux marchés au cours des six dernières années (2017-2022) avant la date limite de remise des offres avec une valeur minimale par lot d’un montant de 4 476 590 dinars;
- la caution provisoire exigée pour chaque lot varie entre 111 000 DT et 139 000 DT.
Vu que ce projet couvre une totalité de 7258 prises RJ 45 dans les 1613 établissements scolaires et en analysant les chiffres indiqués ci-haut et d’autres données dans le cahier des charges, on arrive à la conclusion que le budget moyen prévu pour l’installation et la mise en fonctionnement d’une prise varie entre 6800 DT et 4550 DT ce qui, suivant notre savoir-faire et expérience, devait être révisé à la baisse.
Donner leur chance à un maximum de PME
D’autre part et en se basant sur les points indiqués ci-haut et sur d’autres données dans le cahier des charges de cet appel d’offres, on arrive à la conclusion que nos petites et moyennes entreprises (PME) dans le domaine de l’intégration des réseaux des télécommunications ne peuvent pas présenter des offres individuelles ou en groupement et uniquement un nombre bien limité des grandes entreprises peuvent participer ce qui influencera la pérennité des PME et ce malgré le savoir-faire dont elles disposent dans ce domaine.
A partir de cela, nous demandons aux responsables de la réalisation du programme GovTech et au ministère des Technologies de la communication de bien vouloir revoir le modèle, les conditions administratives et financières et le budget programmé pour ce projet et d’autres projets futurs afin de tirer le meilleur profit des crédits alloués par les bailleurs de fonds et donner leur chance à un maximum de PME de participer à ce projet et les projets à venir et d’apporter leur valeur ajoutée dans le développement numérique du pays.
* Président de la CNIRT.
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