A la différence de nombreux pays qui s’évertuent à affiner leur communication, la Tunisie s’enfonce, depuis 2011, dans une lecture idéologique de l’histoire et du présent au risque d’hypothéquer l’avenir.
Par Elyes Kasri *
Le déplacement à Djerba des députés du bloc parlementaire national et indépendant et du président de l’Utica et les condoléances adressées aux représentants de la communauté juive sont des gestes louables à suivre par les autres blocs parlementaires, partis et composantes de la société civile.
Pour leur part, les autorités gouvernementales seraient bien avisées de faire des gestes de compassion et de solidarité de nature à dissiper le malaise croissant chez la communauté juive tunisienne qui, après plusieurs millénaires, semble avoir de plus en plus de mal à résister à l’appel des sirènes de l’exode en masse.
Maladresses et déficiences
Il urge de faire beaucoup plus pour calmer les appréhensions et les craintes de nos concitoyens juifs et de les convaincre que la Tunisie assurera toujours leur sécurité et la jouissance pleine et entière de leurs droits garantis par les constitutions successives de la république tunisienne ainsi que les chartes et conventions internationales des droits de l’homme.
En plus des condoléances, gestes de solidarité et assurances adressés aux dirigeants de la communauté juive tunisienne par les plus hautes autorités politiques tunisiennes, des réformes urgentes sont nécessaires pour éviter la réédition de la dernière attaque terroriste contre des pèlerins juifs à la synagogue de la Ghriba.
Après des accusations de racisme anti-noir, la Tunisie ne peut pas se permettre de se faire taxer d’Etat incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens et de ses visiteurs ou pire même d’antisémitisme par des parties malintentionnées qui trouveraient dans les maladresses et déficiences tunisiennes la meilleure arme pour nuire à l’image et aux intérêts de notre pays sur la scène internationale.
Par ailleurs, certains s’acharnent à vouloir réécrire l’histoire plurimillénaire et multi-civilisationnelle de la Tunisie en occultant d’importants éléments et périodes qui en font la richesse et la singularité.
Gare à ceux qui, consciemment ou inconsciemment, s’efforcent de manipuler à des fins idéologiques l’histoire de notre pays au risque d’en faire un paria international, hideux et détestable.
Compassion humaine et solidarité citoyenne
La religion juive entretient une relation particulière avec la Tunisie tant du point de la préséance historique avec les autres religions monothéistes et du livre que du lien spécial, passé et présent, des adeptes de cette confession avec notre pays.
S’acharner à rationaliser la nostalgie du passé, le déchirement de la séparation et la douleur du présent avec ses vicissitudes serait s’inscrire sur un registre qui est autre que celui qui devrait être à l’ordre du jour à savoir celui de la compassion humaine et de la solidarité avec des concitoyens qui, malgré les tourments de l’histoire moderne, ne cessent de crier leur amour de la Tunisie.
A la différence de nombreux pays qui s’évertuent à affiner leur communication, la Tunisie s’enfonce, depuis 2011, dans une lecture idéologique de l’histoire et du présent au risque d’hypothéquer l’avenir.
* Ancien ambassadeur.
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