Il faut être vraiment naïf pour s’attendre à ce que les monarchies du Golfe volent aujourd’hui au secours d’une Tunisie dont elles ont toujours souhaité l’échec, ne fut-ce que pour prouver à leurs propres peuples que la démocratie est synonyme d’instabilité et de pauvreté. La Tunisie étant pour cela une excellente illustration…
Par Imed Bahri
Samir Saïed est touchant de naïveté, lorsqu’il exhorte les investisseurs émiratis à revenir en Tunisie, alors que ces derniers ont abandonné notre pays à son sort depuis la «révolution» de 2011, dont toutes les monarchies du Golfe ont souhaité ouvertement l’échec.
Le ministre de l’Economie et de la Planification a, en effet, exhorté les sociétés et fonds d’investissement émiratis à participer à la Conférence internationale sur l’investissement, qui doit être organisée par la Tunisie début novembre 2023. Ils viendront peut-être pour la photo et le tchatche, mais pour les investissements, il faudra peut-être attendre que notre pays touche enfin le fond.
Où est passé le projet Sama Dubaï ?
Cette conférence sera l’occasion de prendre connaissance des projets prévus dans le cadre du plan de développement (2023-2025) et qui seront réalisés dans le cadre d’un partenariat public-privé, a indiqué le ministre lors d’une rencontre tenue le 19 mai 2023 à Tunis avec l’ambassadeure des Emirats arabes Unis en Tunisie, Imen Ahmed Sallami.
Le ministre a affirmé la disponibilité de son département et de toutes les structures d’investissement à fournir le soutien et les conseils nécessaires aux investisseurs émiratis et à s’efforcer de surmonter les obstacles potentiels, estimant, par ailleurs, qu’il y avait lieu de reprendre les négociations sur le projet Sama Dubaï, compte tenu de son importance et de sa rentabilité économique pour les deux parties.
Saïed a passé ensuite en revue les réformes entreprises par la Tunisie pour améliorer encore le climat des affaires, soulignant l’existence de réelles opportunités d’investissement et de coopération, notamment dans les secteurs des TIC, de la recherche et de l’innovation, des industries pharmaceutiques, des services de santé, des industries agroalimentaires, etc.
Pour rappel, le mégaprojet sportif et urbain Sama Dubaï, prévu pour être réalisé sur les rives sud du lac de Tunis par un groupe émirati, est bloqué depuis plus de 10 ans. Les Emiratis en ont acquis le terrain pour une durée de 99 ans et pour une bouchée de pain, lors d’une très douteuse transaction avec l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Mais après 2011, le projet a été remis dans les cartons. Il ne faut pas être grand clerc pour en comprendre la raison.
Des monarchies mieux disposées envers les dictateurs
Est-ce par hasard que les monarchies du golfe ont complètement tourné le dos à la Tunisie après 2011 et arrêté les nombreux projets délirants – on parlait de dizaines de milliards de dinars – qu’ils avaient convenu de réaliser avec l’ancien régime ? Non bien sûr.
En fait ces richissimes monarchies ont, dès le départ, parié sur l’échec de la transition démocratique en Tunisie et dans les autres pays du «printemps arabe». Ils ont même dépensé beaucoup d’argent dans de douteuses opérations de déstabilisation de notre pays. Car le succès de cette transition allait donner de «mauvaises idées» à leurs propres peuples maintenus en laisse. Et on ne peut pas dire qu’ils ont échoué dans leur entreprise. Il suffit de voir la situation catastrophique où se trouvent aujourd’hui les pays sur lesquels ont soufflé les vents de ce fameux «printemps» rapidement transformé en hiver, comme la Tunisie, l’Egypte, la Libye, la Syrie ou le Yémen, pour apprécier le machiavélisme de ces monarchies et la naïveté de nos dirigeants qui continuent d’en attendre quelque charité.
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