L’Unesco a annoncé, mercredi 24 mai 2023, dans un communiqué, l’«inscription de 64 collections documentaires à son registre Mémoire du monde, portant à 494 le nombre total de collections inscrites.»
La liste des nouvelles inscriptions publiée sur le site de l’Unesco est classée dans l’ordre alphabétique anglais des auteurs des propositions.
Le texte proposé par la Tunisie présente l’héritage du Baron Rodolphe d’Erlanger (1872-1932) qui «fut le premier orientaliste à s’installer dans un pays arabe (la Tunisie) et s’entourer d’érudits et de maîtres de l’art musical pour se lancer dans un projet culturel et civilisationnel inédit aux multiples objectifs : la réhabilitation et la promotion de la musique arabe».
«Les archives papiers portants son nom, qui sont la production musicale et scientifique de ce premier Centre de recherche musicologique et des pionniers de cette discipline, constituent une mine d’informations, de transcriptions musicales et de travaux sur des traditions musicales disparues ou inconnues de nos jours : cantillations hébraïques des juifs de Tunisie, musiques des noirs de Tunisie, de tradition arabo-andalouse, confrérique, chants touareg, airs équestres, cris de la rue, airs tripolitains, airs d’Arabie, etc.», indique le même texte. Qui ajoute : «Ces documents apportent au savoir universel en général et aux chercheurs à travers le monde une matière abondante, diversifiée et inédite.»
La Tunisie au registre Mémoire du monde
Le 23 décembre 2021, la Délégation permanente de la Tunisie auprès l’Unesco, à Paris, avait déposé la version papier de deux dossiers pour inscription au registre Mémoire du Monde de l’Unesco : des Correspondances des Beys de Tunis avec Henry Dunant au sujet du droit humanitaire & des Documents rares sur la musique arabe dans les archives du Baron d’Erlanger à Sidi Bou Said.
Le dossier des Documents rares sur la musique arabe dans les archives du Baron d’Erlanger à Sidi Bou Said, est composé d’une collection de manuscrits rares en lien avec la musique du registre tunisien, arabe et méditerranéen. Il a été élaboré par des experts du Centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM) qu’abrite le Palais du Baron d’Erlanger, dans la banlieue nord de Tunis.
Construit entre 1912 et 1922 sur une superficie de 5 hectares, le palais d’Ennejma Ezzahra est l’ancienne demeure du baron Rodolphe d’Erlanger, peintre, musicologue et grand orientaliste franco-britannique (1872-1932).
Le Palais est l’un des hauts lieux de la scène culturelle et artistique en Tunisie. Il s’agit d’un complexe culturel multidisciplinaire centrée sur la musique et ses différentes branches combinant également diverses activités scientifiques, littéraires et artistiques liées au théâtre, danse, littérature, et autres événements et conférences internationales.
Cette candidature constitue la seconde du genre à être déposée pour inscription au registre Mémoire du monde de l’Unesco. Deux autres dossiers sont inscrits sur le même registre Mémoire du Monde, dont celui des documents relatifs à la Course et les relations internationale de la Régence de Tunis aux 18e et 19e siècles (2011) & de l’expérience tunisienne de l’abolition de l’esclavage (2017).
L’Unesco avait annoncé en novembre 2017, l’inscription de l’expérience tunisienne de l’abolition de l’esclavage de 1841 à 1846 au registre Mémoire du monde de l’organisation.
Le Comité consultatif international du programme Mémoire du monde avait proposé à l’unanimité de ses membres à la directrice générale de l’Unesco l’inscription de l’expérience particulière d’abolition graduée de l’esclavage dans la régence de Tunis au cours de la première moitié du XIXe siècle sur le registre mémoire du monde.
Proposé en 2010 par les Archives nationales de Tunisie (ANT), le fonds documentaire la Course et les relations internationales de la Régence de Tunis aux XVIIIe et XIXe siècles a été inscrit en 2011 au registre Mémoire du Monde de l’Unesco.
494 collections du patrimoine documentaire mondial
«Avec ces nouveaux ajouts, venant de 56 pays et organisations, le registre Mémoire du monde compte désormais 494 collections du patrimoine documentaire provenant de toutes les régions du monde», indique le communiqué de l’Unesco.
Sauvegardé sur divers matériaux allant de la pierre au celluloïd, du parchemin au disque en métal, ce patrimoine emblématique à valeur universelle est maintenant préservé pour les générations futures, à l’image des manuscrits persans illustrés et enluminés, des archives architecturales d’Oscar Niemeyer ou bien encore des manuscrits de Panji Tale.
La numérisation et la publication sur Internet permettent de rendre le patrimoine documentaire accessible à tous, sans risque d’endommager les documents originaux en les exposant physiquement. Comme cette numérisation est coûteuse, l’Unesco soutient les bibliothèques, les archives et les musées, en particulier en Afrique.
Au cours des trois dernières décennies, l’Unesco a mis en place des comités nationaux Mémoire du monde dans 94 pays. Depuis le début de l’année dernière, l’Organisation a aidé près de 40 pays à élaborer des politiques publiques et à développer les capacités nécessaires pour que leur patrimoine documentaire puisse être inventorié, protégé et rendu accessible à tous.
«Le patrimoine documentaire est la mémoire commune de l’humanité. Il doit être protégé pour la recherche et partagé avec le plus grand nombre. C’est une part fondamentale de notre histoire collective», souligne Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.
Le programme Mémoire du monde, créé par l’Unesco en 1992, vise à prévenir la perte irrévocable du patrimoine documentaire – des documents ou des collections de documents d’une valeur significative et durable, sur papier, audiovisuel, numérique ou tout autre format. Le programme vise à la fois à sauvegarder ce patrimoine et à le rendre davantage accessible au grand public.
«Pour la première fois depuis 2017, de nouvelles collections documentaires ont été inscrites au registre Mémoire du monde : c’est un signal très positif», salue Audrey Azoulay.
Les inscriptions sur le registre Mémoire du monde avaient dû être suspendues en 2017, en raison de divergences entre Etats liées au processus de nomination. Un important travail collectif a permis la refonte de la procédure.
Les candidatures ont été relancées en 2021. Elles ont abouti, mercredi 24 mai 2023, à la décision unanime du conseil exécutif de l’Unesco d’inscrire 64 nouvelles collections documentaires.
Source : Tap.
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