Les fascistes refusent la démocratie et les élections; la guerre est pour eux une hygiène d’existence; ils imposent leur loi dans les rues en recourant à la violence et au bellicisme… Est-ce le cas de Giorgia Meloni ?
Par Mohamed Sadok Lejri *
Depuis l’annonce de sa visite de travail à Tunis, mardi 6 juin 2023, nos journaleux et activistes de la société civile crachent à la figure de Giorgia Meloni, sous prétexte qu’elle est fasciste et qu’elle tient Mussolini en haute estime. En revanche, ça ne les gêne pas de voir les gauchos tunisiens chanter les louanges de Staline et Mao, des figures historiques dont le règne s’est soldé par des dizaines de millions de morts, de voir les nationalistes arabes en faire de même avec Nasser et Saddam ou des identitaires déblatérer des «vérités» fondées sur des considérations ethniques, linguistiques, religieuses et culturelles.
Les fascistes ne sont pas ceux que l’on croit
Sans parler des injonctions identitaires et idéologiques dont sont victimes tous les jours ceux qui s’écartent un tant soit peu de la norme et du discours de nos religieux qui n’a rien à envier à celui de Torquemada ! Il suffit d’écouter les prêches du vendredi pour s’en rendre compte. Ces sermons sont le plus souvent d’une virulence absolue et d’une haine implacable à l’encontre de tout ce qui n’est pas conservateur et musulman.
Il faut arrêter d’employer le mot fascisme à tort et à travers : les fascistes refusent la démocratie et les élections, la guerre est pour eux une hygiène d’existence, ils imposent leur loi dans les rues en recourant à la violence et au bellicisme… Giorgia Meloni n’a jamais estimé qu’il fallait résoudre les problèmes avec les armes. Et faut-il rappeler que les fascistes sont ouvertement antisémites, anti-francs-maçons et homophobes ? Parce que la présidente du Conseil des ministres italienne n’a jamais été attaquée pour cela.
Quant à son appréhension de l’islam et de l’immigration massive et incontrôlée, elle est tout à fait compréhensible et légitime. En Europe, le fascisme est plutôt du côté des oligarques mondialistes qui annihilent toute force politique opposée à l’Euro, à l’Union Européenne et à Schengen. Il se trouve également du côté des groupuscules d’extrême-gauche, telles que les Black Blocs, qui vandalisent en toute impunité et s’adonnent à toute sorte d’agression lors des manifestations.
Le fascisme du côté de chez nous
Le fascisme est surtout du côté de chez nous ! C’est, en l’occurrence, un fascisme que l’on pratique inconsciemment et qui est séculaire et bien ancré dans nos mœurs. Tout récemment, sous nos cieux, l’augmentation du nombre d’étrangers subsahariens a failli provoquer un pogrom.
Pourtant, et contrairement aux musulmans d’Europe qui s’inscrivent dans une logique revendicatrice, vindicative et qui jouissent de droits qui leur sont niés dans leurs pays d’origine, les Subsahariens de Tunisie rasent les murs et font des métiers pénibles et ingrats que les Tunisiens eux-mêmes refusent d’exercer.
Il ne suffit pas de condamner le fascisme des autres et de vouer aux gémonies ceux qui le représenteraient pour se faire passer pour un peuple ouvert et hostile au racisme.
Si vous voulez condamner le fascisme des autres, Tunisiens, et faire du cinéma en affectant des sentiments que vous n’avez pas et en voyant du fascisme là où il n’y en a pas, commencez par balayer devant votre porte. Car, comme toujours, vous voyez la paille dans l’œil de votre voisin et vous refusez de voir la poutre qui se trouve dans le vôtre.
* Universitaire.
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