Tout affaiblis apparemment par l’évolution du conflit russo-ukrainien, les Etats-Unis jouent encore un rôle déterminant dans tout ce qui concerne la Tunisie qui s’est vue accorder depuis 2015 le statut d’allié majeur des Etats-Unis d’Amérique non membre de l’Otan. Et comme dans toute relation contractuelle, morale ou politique, les droits sont associés à certaines obligations.
Par Elyes Kasri *
Tous nos partenaires étrangers reconnaissent l’inévitabilité et le caractère primordial d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) avant le déboursement de toute assistance financière significative à la Tunisie.
Après l’ambassadeur chinois qui a balayé du revers de la main l’illusion d’une alternative financière chinoise à un accord avec le FMI et les faux-fuyants des «frères arabes», le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken vient de rappeler à son homologue italien Antonio Tajani la nécessité d’un accord préliminaire avec le FMI, même sous de nouveaux termes, à toute éventuelle assistance européenne pour éviter que la Tunisie ne tombe dans «un précipice économique».
Washington remet les pendules à zéro
Après plusieurs mois de manœuvres apparemment stériles, nous nous retrouvons à la case départ et ce ne sera pas un tête-à-tête avec l’extrême droite européenne, regardée avec suspicion par l’administration Biden et l’ensemble de la classe politique américaine, que l’abysse économique sera évité.
Tout affaiblis apparemment par l’évolution du conflit russo-ukrainien, les Etats-Unis d’Amérique jouent encore un rôle déterminant dans tout ce qui concerne la Tunisie qui s’est vue accorder depuis 2015 le statut d’allié majeur des Etats-Unis d’Amérique non membre de l’Otan.
Comme dans toute relation contractuelle, morale ou politique, les droits sont associés à certaines obligations.
A cet égard, la clé de chiffrement de la politique américaine vis-à-vis des récents développements politiques en Tunisie se trouve selon toute probabilité dans la lettre, sous forme d’injonction, adressée le 26 octobre 2022 par les présidents de la majorité démocrate et de la minorité républicaine de la commission des relations étrangères du sénat américain au secrétaire d’Etat Blinken qui dit en substance ce qui suit. Nous en publions ci-dessous des extraits traduits de la lettre originale…
L’érosion de la démocratie tunisienne
«Nous exhortons maintenant votre administration à faire pression pour des efforts synchronisés avec nos partenaires du G7 pour faire face à l’érosion de la démocratie tunisienne et atténuer les effets de la crise économique du pays… L’aide rapide récente, par exemple, soutiendra les Tunisiens vulnérables sans légitimer le programme autocratique de Saïed….
Cependant, de nombreux membres du G7 n’ont pas conditionné l’aide aux réformes démocratiques de la même manière que les États-Unis… Le G7 doit parler d’une voix unifiée et conditionner son assistance à des critères de réforme démocratique clairs, notamment le rétablissement d’un système judiciaire indépendant, la suppression des restrictions imposées aux partis politiques, la protection de la liberté de la presse et l’observation sans entrave des élections. Les Tunisiens font face à plus qu’une simple incertitude politique… Les actions du président Saïed n’ont servi qu’à centraliser son propre pouvoir et n’ont pas réussi à s’attaquer aux causes profondes des problèmes économiques de la Tunisie. À moins que les États-Unis et leurs partenaires aux vues similaires ne renforcent le besoin urgent d’un retour aux processus et aux institutions démocratiques, la Tunisie sombrera dans une plus grande instabilité.»
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