Silvio Berlusconi (né le 29 septembre 1936 à Milan et mort le 12 juin 2023) incarne une certaine Italie, exubérante, affabulatrice, hâbleuse et aux mœurs crapuleuses, mais qui, en même temps, est séductrice, jouisseuse, débrouillarde et très efficace. (Silvio Berlusconi et Giorgia Meloni – Ph. Gregorio Borgia-Sipa).
Par Mohamed Sadok Lejri *
Le deuil national décrété en Italie après la mort de Silvio Berlusconi en a indigné plus d’un. La réputation sulfureuse d’il Cavaliere y est, bien entendu, pour quelque chose. En effet, fraudes fiscales, corruption, destruction de documents, connivence avec la mafia et frasques sexuelles ont jalonné le parcours de l’ancien Premier ministre et magnat des médias.
Un certain «charme à l’italienne»
Malgré toutes ses tares, Silvio Berlusconi est devenu, au fil des années, un phénomène démonstratif et de fascination à lui seul. Les polémiques qu’il déclenchait reflétaient, avant toutes choses, son importance dans l’imaginaire collectif des Italiens. Et ce n’est pas pour rien si Berlusconi était une source d’inspiration pour les écrivains et les artistes, notamment pour les plus brillants cinéastes italiens de ces dernières décennies.
Il faut comprendre que Silvio Berlusconi est plus qu’un simple politicien, il incarne une certaine italianité et une vision du monde à laquelle on adhère ou qui nous répugne et contre laquelle on se dresse. Il incarne une certaine Italie, l’Italie exubérante, affabulatrice, hâbleuse et aux mœurs crapuleuses, mais qui, en même temps, est séductrice, jouisseuse, débrouillarde et très efficace.
Homme de pouvoir, incarnant un certain «charme à l’italienne» comme lui faisaient dire Les Guignols de l’info, roulant sur l’or et Grand Jouisseur devant l’Éternel, Berlusconi semblait être celui qui réalisait des fantasmes inaccessibles au commun des mortels.
Homme de pouvoir et d’argent
Je pense que pour comprendre ce que représente ce personnage fascinant aux yeux des Italiens, et cela vaut aussi bien pour ceux qui en font un modèle de réussite et de puissance que pour ceux qui le haïssent, il ne faut pas trop s’attarder sur ses scandales à la pelle ou sur la médiocrité qu’il propageait, sous couvert de divertissement, à travers son empire médiatique Mediaset. Il faut plutôt voir du côté des désirs inassouvis de l’Italien moyen, du côté des fantasmes et des frustrations.
Pour comprendre la séduction que Silvio Berlusconi exerce sur les esprits, il faut centrer son intérêt sur la fascination que suscitent, un peu partout dans le monde, les puissants hommes de pouvoir et d’argent et sur l’hédonisme auquel ils sont justement ou injustement assimilés…
* Universitaire.
Donnez votre avis